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Accord entre Séoul et Tokyo sur les “femmes de réconfort”

(Keystone-ATS) La Corée du Sud et le Japon ont conclu lundi un accord “historique” sur l’épineuse question des “femmes de réconfort”, a annoncé le chef de la diplomatie sud-coréenne. Ce système de prostitution avait été mis en place par l’armée nippone pendant la 2e Guerre mondiale.

Cet accord sera “définitif et irréversible” si le Japon assume ses responsabilités, a déclaré Yun Byung-Se à l’issue de discussions à Séoul avec son homologue japonais Fumio Kishida.

Ce dernier a annoncé que son pays avait accepté de verser un milliard de yens (8,1 millions de francs) de dédommagement aux “femmes de réconfort”, ces femmes enrôlées de force dans les bordels de l’armée impériale durant la Seconde Guerre Mondiale.

“Excuses et repentir”

“Le système des femmes de réconfort (…) a existé du fait de l’implication de l’armée japonaise (…) et le gouvernement japonais est pleinement conscient de sa responsabilité”, a-t-il dit.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a exprimé aux victimes ses “excuses et son repentir, du plus profond de son coeur”, a ajouté M. Kishida.

Pressions américaines

Les Etats-Unis se sont félicités de la conclusion de cet arrangement. Washington souhaitait en effet que ses deux plus grands alliés dans la région se concentrent ensemble sur la réponse à apporter aux ambitions grandissantes de la Chine.

Selon de nombreux observateurs, la Maison-Blanche a d’ailleurs fait pression sur Mme Park pour qu’elle adoucisse sa position vis-à-vis de Tokyo.

Un accord qui sent “plus la politique que la justice”

En Corée du Sud, les réactions étaient toutefois mitigées à l’annonce de cet accord, certains le jugeant incomplet.

Yoo Hee-Nam, elle-même contrainte de se prostituer par l’armée japonaise pendant la guerre, a affirmé qu’il n’était pas suffisant, mais qu’elle se plierait à la décision du gouvernement.

“Les femmes, qui étaient absentes des négociations, ne doivent pas être oubliées dans cet accord qui sent plus la politique que la justice”, a déclaré dans un communiqué Hiroka Shoji, d’Amnesty International.

La plupart des historiens estiment que jusqu’à 200’000 femmes, pour la plupart des Coréennes mais aussi des Chinoises, des Indonésiennes et des ressortissantes d’autres pays asiatiques, ont été enrôlées de force dans les bordels de l’armée impériale.

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