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Accueil des migrants en Espagne: une ONG dénonce désorganisation et chaos

"Les nouveaux arrivants ne sont pas informés correctement sur le droit d'asile", a critiqué Estrella Galan, secrétaire générale de la CEAR (archives). KEYSTONE/EPA EFE/DANIEL PEREZ sda-ats

(Keystone-ATS) L’Espagne gère les arrivées de migrants sur ses côtes dans l’improvisation et l’arbitraire, a fustigé mardi dans un rapport l’une des principales ONG locales impliquées sur le terrain. Elle critique notamment le non-respect des droits des nouveaux arrivants.

La Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR), présente dans plusieurs centres de rétention, dénonce la situation dans les ports méridionaux d’Almeria, Motril et Algésiras, “où est souvent bafoué le droit des avocats” à s’entretenir avec les migrants avant que ceux-ci ne soient interrogés par la police. Dans le port de Tarifa, la police a parfois “rédigé des ordres d’expulsion avant de prendre la déclaration de la personne intéressée”.

Surtout, “les nouveaux arrivants ne sont pas informés correctement sur le droit d’asile”, sauf à Malaga, car la police “n’est pas autorisée à (leur) remettre la brochure informative sur leur accès à la protection internationale”, document fourni par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations Unies, a critiqué Estrella Galan, secrétaire générale de la CEAR lors d’une conférence de presse.

Pas de protocole

“Il n’y a pas de protocole organisé une fois que les migrants ont atteint les côtes. L’improvisation s’est imposée à l’Etat espagnol”, a-t-elle ajouté. L’ONG dénonce aussi de “graves carences” dans l’identification de femmes potentiellement victimes de réseaux de prostitution ou de mineurs non accompagnés, ainsi que l’insalubrité de certains centres de rétention.

Contacté par l’AFP, le ministère espagnol de l’Intérieur n’avait pas réagi mardi à ces critiques.

Le nombre de migrants arrivés sur les côtes espagnoles a triplé en 2017. Près de 22’000 personnes, presque toutes récupérées par les secours maritimes, ont atteint la côte sud et l’archipel des Canaries. Plus de 220 sont mortes ou portées disparues en Méditerranée en tentant d’atteindre l’Espagne, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM).

En 2017, 56% des migrants arrivés en Espagne par la mer étaient subsahariens, selon la CEAR. Le nombre de Marocains et d’Algériens était en hausse, ces derniers représentant 20% du total. Environ 8% des migrants de 2017 étaient des femmes.

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