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Affaire Grégory: trois membres de la famille Villemin en garde à vue

Le cadavre du petit Grégory Villemin avait été retrouvé au soir du 16 octobre 1984, pieds et poings liés dans les eaux froides de la Vologne. Cette découverte avait marqué le début de l'affaire Grégory, qui reste l'une des grandes affaires criminelles non résolues du XXe siècle (archives). dr sda-ats

(Keystone-ATS) La très médiatique et mystérieuse affaire Grégory en France rebondit. Trois membres de la famille Villemin ont été interpellés dans le département des Vosges et placés en garde à vue dans le cadre de l’enquête, a annoncé le parquet général de Dijon.

Les interpellations, “qui visent des personnes très proches du cœur de l’affaire, ont pour but d’éclaircir certains points et d’apporter des réponses à des questions posées, parfois de longue date, par des zones d’ombre de la procédure”, indique le parquet dans un communiqué sans autre précision.

Une quatrième personne, la grand-mère du petit garçon, est actuellement entendue en audition libre car son état de santé ne permettait pas la garde à vue. Selon une source proche du dossier, les personnes en garde à vue sont l’oncle de Jean-Marie Villemin (le père du petit Grégory) et sa femme ainsi qu’une belle-soeur de Jean-Marie Villemin, Ginette Villemin.

Le cadavre du petit Grégory Villemin avait été retrouvé au soir du 16 octobre 1984, pieds et poings liés dans les eaux froides de la Vologne. Cette découverte avait marqué le début de l’affaire Grégory, qui reste l’une des grandes affaires criminelles non résolues du XXe siècle.

Le procureur général de la cour d’appel de Dijon avait indiqué à l’AFP un peu plus tôt mercredi que les gendarmes de la section de recherche de Dijon avaient procédé dans la matinée à trois interpellations sur commission rogatoire dans les Vosges dans le cadre de cette enquête.

Enquête relancée

L’oncle et la tante septuagénaires et la grand-mère ont été arrêtés dans le village d’Aumontzey et la belle-soeur à Arches, dans les Vosges, pour des faits de “complicité d’assassinat, non dénonciation de crime, non assistance à personne en danger et abstention volontaire d’empêcher un crime”, selon le quotidien l’Est Républicain, qui a révélé l’information.

“Je confirme ces informations. Ça bouge beaucoup (dans le dossier)”, a aussi dit à Reuters Me Thierry Moser, avocat des époux Villemin, joint au téléphone par Reuters alors qu’il arrivait au palais de justice de Dijon où le dossier est toujours ouvert. Ces interpellations relancent une affaire considérée comme l’un des plus spectaculaires naufrages judiciaires et médiatiques du siècle écoulé.

Bernard Laroche, un cousin de Jean-Marie Villemin, avait d’abord été soupçonné: inculpé d’assassinat, un temps incarcéré, il avait été remis en liberté le 4 février 1985. Convaincu de sa culpabilité, Jean-Marie Villemin l’abat d’un coup de fusil de chasse. M. Villemin sera condamné pour ce meurtre à quatre ans de prison en 1993.

Un premier spectaculaire revirement

En juillet 1985, le juge Jean-Michel Lambert opère un spectaculaire revirement: il porte ses soupçons vers la mère du garçonnet, Christine Villemin, qui sera totalement innocentée en 1993 au terme d’un non-lieu retentissant pour “absence totale de charges”, formule inédite aux accents d’excuse et d’aveu d’erreur judiciaire.

L’affaire a été rouverte en 1999, puis en 2008, pour tenter de confondre d’hypothétiques traces d’ADN sur les scellés. Certains mélanges génétiques ont pu être isolés, et étaient en cours de comparaison avec les prélèvements de 280 personnes figurant dans le dossier.

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