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Afflux de soutiens pour Macron, retour sur le terrain pour Le Pen

Un selfie et ça repart ! Marine Le Pen est repartie dès ce lundi en campagne en vue du second tour de l'élection présidentielle. KEYSTONE/AP/MICHEL EULER sda-ats

(Keystone-ATS) Emmanuel Macron a engrangé lundi des soutiens de toutes parts, dont celui du président François Hollande, en vue du second tour de la présidentielle française. Son adversaire Marine Le Pen, elle, est repartie sur le terrain.

Jamais élu jusqu’à présent, l’ex-ministre de l’Economie de François Hollande a entamé lundi des “négociations politiques” dans le but de former une majorité, avec en ligne de mire les législatives des 11 et 18 juin.

“Je veux dès à présent construire une majorité de gouvernement et de transformation nouvelle”, avait déclaré dimanche M. Macron, arrivé en tête du premier tour sans jamais être passé par la case élections, alors que son mouvement En Marche ! a tout juste un an.

La première condition est d’obtenir le score le plus élevé possible au second tour le 7 mai, estime Pascal Perrineau, du Centre de recherche de l’institut de sciences politiques de Paris. “Il ne peut pas se permettre de faire comme si tout était plié. Il faut qu’il se montre capable de créer une dynamique. Plus il rassemblera (au second tour), mieux il se positionnera pour les législatives”.

Le Pen en “candidate du peuple”

Marine Le Pen, elle, a choisi un marché de Rouvroy, dans le nord de la France, pour vanter son programme prévoyant fermeture des frontières, sortie de l’euro et moratoire sur l’immigration.

Ce marché, “c’est sûr que ça change de la Rotonde”, restaurant parisien de la rive gauche où Emmanuel Macron a fêté sa victoire de premier tour la veille au soir, a-t-elle ironisé. “Moi je suis la candidate du peuple”, a répété celle qui a fait ses meilleurs scores dans la “France périphérique”.

Un grand débat télévisé l’opposera le 3 mai à Emmanuel Macron. “On sera front à front avec l’adversaire qu’on a désigné tout au long de cette campagne”, a dit un proche du centriste qui veut devenir “le président des patriotes face à la menace des nationalistes”. Mme Le Pen, elle se veut la candidate des “patriotes contre les mondialistes”.

Front républicain

Dans l’intervalle, Emmanuel Macron engrange de nombreux soutiens. Le président François Hollande a annoncé officiellement qu’il allait voter pour son ancien ministre de l’économie, car “la présence de l’extrême droite fait une nouvelle fois courir un risque pour notre pays”.

La majorité de la classe politique, à droite comme à gauche, tout comme plusieurs syndicats et le Medef, principale organisation patronale, ont déjà appelé à “faire barrage” à Marine Le Pen.

Cette dernière a brocardé en réponse “le vieux front républicain tout pourri, dont plus personne ne veut, que les Français ont dégagé avec une violence rare”, et qui “essaie de se coaliser (…) J’ai presque envie de dire tant mieux!”, a-t-elle lancé. Un rassemblement contre le FN était organisé lundi soir place de la République, à Paris.

Selon un sondage lundi, M. Macron battrait largement Marine Le Pen le 7 mai, avec 60% des voix. Mais “une élection n’est jamais gagnée d’avance”, a averti lundi le centriste François Bayrou, un de ses soutien.

Résultat “historique”

Mme Le Pen veut d’ailleurs y croire après son résultat “historique”. Le FN a enregistré un record de voix (7,5 millions) récoltées en majorité dans les zones “périphériques”, les petites et moyennes villes, les régions rurales éloignés des bassins d’emplois et désertées par les services publics. Son score reste cependant inférieur à ses attentes.

Mme Le Pen espère récupérer des voix dans les rangs de la “France insoumise” de Jean-Luc Mélenchon qui n’a pas donné de consigne de vote, après avoir capté près de 20% des voix. La frange la plus conservatrice de la droite (le mouvement catholique conservateur Sens commun, Christine Boutin) pourrait aussi lui apporter des voix.

Aux antipodes sur tous les plans – ouverture/repli, diversité/identité, libéralisme/protectionnisme -, les deux finalistes ont un point commun: ils sont parvenus à capitaliser sur le désir de renouvellement politique des Français en éliminant pour la première fois les deux partis traditionnels.

Arrivé troisième, le candidat Les Républicains François Fillon a dit n’avoir “plus la légitimité pour mener” le “combat” des législatives et a décidé de redevenir un simple “militant de cœur”.

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