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Affrontements lors d’une vaste opération d’expulsion de la ZAD en France

Les accès principaux d'une route de la zone, devenue le symbole de l'occupation illégale, ont été bloqués dans la nuit. Plusieurs épaves de voitures étaient complètement renversées sur et au bord de la route. KEYSTONE/EPA/THIBAULT VANDERMERSCH sda-ats

(Keystone-ATS) Des affrontements ont éclaté lundi matin lors d’une vaste opération d’expulsion par la gendarmerie de la “zone à défendre” (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes, dans l’ouest de la France. Le gouvernement avait renoncé en janvier à y construire le nouvel aéroport de Nantes.

Les gendarmes mobiles ont tiré des grenades lacrymogènes, ainsi que des grenades assourdissantes, en réponse à des tirs de projectiles, ont constaté des journalistes de l’AFP. Selon un représentant des forces de l’ordre, un gendarme a été blessé à l’oeil par un tir de fusée et un “zadiste” a été interpellé. Les heurts sont “sporadiques et disparates, il n’y a pas d’embrasement”, a-t-on précisé de même source à 8h00.

Les accès principaux d’une route de la zone, devenue le symbole de l’occupation illégale, ont été bloqués dans la nuit. Plusieurs épaves de voitures étaient complètement renversées sur et au bord de la route, alors que les journalistes étaient empêchés d’accéder au site.

Un très important dispositif de gendarmes mobiles a été mobilisé, avec des files de camions stationnés sur un côté de la route, feux allumés sous le brouillard. Cette opération de grande ampleur est prévue sur plusieurs jours. Elle doit mobiliser au total quelque 2500 militaires.

“Expulser les plus radicaux”

“A partir de 6h00 ce matin (…) la gendarmerie nationale débutera une opération d’expulsion des occupants illégaux des terrains de la zone de Notre-Dame-des-Landes”, avait annoncé le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. “L’opération (…) vient mettre à exécution des décisions de justice pour procéder à l’expulsion des occupants les plus radicaux.”

Il rappelle par ailleurs que les occupants de la “zone à défendre” (ZAD), qui ont accepté le dialogue avec les pouvoirs publics dans la perspective d’un projet agricole légal et de la régularisation de leur situation, avaient “le soutien du gouvernement”.

Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a précisé sur Europe 1 que l’opération visait à détruire une quarantaine d’édifices illégaux et à expulser une centaine d’occupants. “Mais en même temps, nous proposons un relogement à chacun, il n’y aura pas de gens qui seront à la rue”, a-t-il assuré.

“Nous faisons des sommations légales et donc si les gens quittent leur domicile, ils sont libres d’aller ailleurs (…) Il ne s’agit pas pour nous d’arrêter, sauf ceux, évidemment, qui passeraient à des actes de violence”, a-t-il ajouté. Et de préciser que des forces de l’ordre seraient maintenues sur place “tant qu’il sera nécessaire” pour prévenir le retour d’occupants illégaux.

Colère des “zadistes”

“Notre colère est ce matin profonde face au lamentable gâchis que représente la destruction engagée des maisons et espaces de vie que nous avons construits ici”, ont déclaré des “zadistes” dans un communiqué. “La ZAD ne disparaîtra pas pour autant.”

“Nous appelons toutes celles et ceux qui peuvent nous rejoindre dès maintenant ou dans les prochains jours à venir sur la ZAD”, ont-ils ajouté. Leurs avocats ont fait savoir qu’ils allaient “introduire des recours pour faire constater l’illégalité des expulsions et condamner l’État pour voie de fait”.

Le 17 janvier, en mettant fin à un projet contesté d’aéroport, le gouvernement avait promis de mettre fin à la “zone de non droit” qui s’était instaurée sur place.

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