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Alain Berset veut endiguer la hausse des coûts de la santé

Avant d'annoncer la hausse des primes pour 2017, Alain Berset a présenté les recettes qu'il veut appliquer pour endiguer le phénomène. KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) De nouvelles mesures doivent être prises pour contenir la hausse des coûts de l’assurance maladie. Des modèles utilisés en Allemagne et aux Pays-Bas sont en ligne de mire. A quelques semaines de l’annonce des primes 2017, Alain Berset a fait le point sur ses projets.

Les coûts à la charge des assurés vont une nouvelle fois croître de plus d’un milliard de francs en 2016. Comme les 20 dernières années, les primes vont augmenter et peser sur le budget des ménages, a averti le ministre de la santé vendredi devant la presse.

Le conseiller fédéral veut s’attaquer à la hausse des coûts qui ne s’explique ni par le vieillissement de la population, ni par les progrès médicaux. Entre 250 et 260 millions par an sont dus à des facteurs non justifiables: hausse du nombre des prestations inutiles voire nocives et remplacement de soins par d’autres plus onéreux.

Pilotage

Le Département fédéral de l’intérieur planche sur des modèles de pilotage pratiqués dans d’autres pays. En Allemagne, les prestations hospitalières sont soumises à un plafond. Passé ce dernier, elles sont moins rémunérées. Les Pays-Bas connaissent des forfaits par cas pour le domaine ambulatoire et il n’est possible de facturer une prestation que si le patient est envoyé par son médecin traitant.

Il s’agira de développer des idées dans les domaines ambulatoire et stationnaire et de voir ce qui peut être appliqué en Suisse. Un groupe d’experts, avec des spécialistes venant des pays concernés, va accompagner les travaux. Une proposition concernant les prochaines étapes sera faite d’ici un an.

Alain Berset reste réservé face à une liberté offerte aux assureurs de choisir les prestataires dont ils remboursent les soins. Ce modèle fait partie des pistes que le Parlement a demandé de creuser pour mieux piloter l’offre en soins. Mais il y en a d’autres (tarifs différenciés, gestion de l’ouverture de nouveaux cabinets).

Le refus en votation populaire en 2012 du système de “managed care” a en outre montré que le peuple n’est pas prêt à sacrifier le libre choix de son médecin, a ajouté le directeur de l’Office fédéral de la santé publique (OSFP) Pascal Strupler.

Médicaments

D’autres mesures de maîtrise des coûts sont en préparation. Rayon médicaments, le conseiller fédéral veut introduire un système de prix de référence pour les génériques et s’attaquer à la marge de distribution des produits remboursés par l’assurance maladie.

Davantage d’accords pourraient être passés avec l’industrie pharmaceutique pour endiguer les coûts des nouveaux médicaments. Alain Berset souhaite également améliorer la coordination ainsi que la qualité des soins et lutter contre des maladies comme le cancer, le diabète ou les affections cardio-vasculaires.

Ces mesures viennent s’ajouter à celles déjà lancées. Les prix des médicaments remboursés devraient baisser de 180 millions entre 2017 et 2019. Un recul de 80 millions de francs est attendu du côté des génériques.

L’OFSP modifie en outre actuellement les montants maximaux de remboursement pour les moyens et appareils médicaux et examine le mécanisme appliqué aux analyses. Parallèlement, il s’agit de retirer de la liste des soins remboursés les traitements qui ne sont pas efficaces.

Chacun ses responsabilités

Le ministre de la santé enjoint par ailleurs tous les acteurs à prendre leurs responsabilités. Médecins et assureurs seraient bien avisés de profiter du délai supplémentaire accordé se mettre d’accord sur de nouveaux tarifs TARMED. “Tout le monde s’accorde à dire qu’il y a des prestations trop onéreuses.” A défaut, le Conseil fédéral est déjà prêt à prendre les devants.

La Confédération attend en outre des prestataires de soins qu’ils assurent des prestations de qualité et adéquates. Un rôle important des assureurs est de contrôler les factures. Les patients devraient faire preuve de plus de discernement dans leur consommation de soins.

Les cantons peuvent quant à eux gérer l’offre via la planification hospitalière et le moratoire sur l’ouverture de nouveaux cabinets. Une autre possibilité leur est offerte: la fixation de budgets globaux à leurs hôpitaux. Genève, Vaud et le Tessin ont recouru avec succès à cet instrument, ce qui a permis d’affronter une hausse moins forte des coûts.

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