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Appel à fabriquer des téléphones portables moins toxiques

Le toxique benzène ne serait pas indispensable à la fabrication des téléphones portables, selon Pain pour le prochain et Action de carême (image symbolique). KEYSTONE/AP/BEN MARGOT sda-ats

(Keystone-ATS) Le benzène a tué 100’000 ouvriers dans des usines chinoises qui fabriquent des téléphones portables, mais les revendeurs des produits finis en Suisse n’en ont cure, s’insurgent des ONG suisses. Elles appellent les entreprises à assumer leurs responsabilités.

“Les revendeurs de téléphones portables en Suisse doivent s’engager pour que les marques des appareils qu’ils vendent prennent des mesures efficaces afin d’exclure le benzène du processus de fabrication”, estiment lundi dans un communiqué Pain pour le prochain et Action de carême.

Les ONG insistent: selon les directives internationales de l’ONU et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les revendeurs de téléphones portables en Suisse sont également responsables de ce qui se passe en Chine.

Swisscom se distingue

Cette responsabilité, Pain pour le prochain et Action de carême ont voulu la tester en menant des entretiens avec les revendeurs concernés. Les ONG qualifient les résultats de décevants. A leurs yeux, aucune des entreprises évaluées n’a de ligne directrice explicite vis-à-vis des fournisseurs concernant l’utilisation de benzène.

“Seul Swisscom reconnaît aujourd’hui le problème et envisage des mesures spécifiques dans ce domaine”. Sunrise hésite, mais se montre “ouvert à une première discussion”. Quant à Mobilezone et Salt, “ils font la sourde oreille et nient toute responsabilité”.

Selon les deux ONG, le premier affirme n’avoir “que peu d’influence sur les conditions de travail (…) dans les unités de production” et le second a indiqué qu’il n’est “pas impliqué dans le processus de fabrication”. Salt a d’ailleurs dissous son département de responsabilité sociale en 2015, critiquent les deux ONG.

Ouvriers mal informés

Pour Pain pour le prochain et Action de carême, il existe un lien entre l’exposition au benzène et le nombre élevé de cancers parmi les ouvriers qui travaillent dans les usines de la région du Delta des Perles, en Chine. Les ONG justifient cette corrélation en relayant une étude menée par deux organisations de la société civile basées à Hong Kong.

L’enquête révèle notamment que les ouvriers sont insuffisamment informés sur les risques pour la santé que pose l’exposition à des produits chimiques dans le cadre de leur travail.

Le toxique benzène ne serait pas indispensable. “Des alternatives existent” affirme Daniela Renaud, responsable de la campagne “High Tech – No Rights” des deux organisations. “Moins dangereuses pour la santé, elles coûteraient moins d’un franc supplémentaire par téléphone”.

Dans une nouvelle phase de cette campagne, Action de carême et Pain pour le prochain lancent une pétition pour appeler les revendeurs à agir dans ce sens.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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