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Arabie saoudite et Egypte rompent leurs relations avec le Qatar

Le Qatar et sa capitale Doha (photo) "sous tutelle", selon l'expression employée par les autorités qataries (archives) KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT sda-ats

(Keystone-ATS) Séisme au Moyen-Orient: trois Etats du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis) ainsi que l’Egypte ont rompu lundi leurs relations avec le Qatar, accusé de soutenir le terrorisme. Objectif de Riyad: isoler le riche émirat en fermant les frontières.

Les diplomates du Qatar ont 48 heures pour quitter leurs postes dans ces pays. Les citoyens qataris ont, eux, deux semaines pour partir d’Arabie saoudite, des Emirats et de Bahreïn, et les ressortissants de ces trois pays se voient interdire de se rendre au Qatar. Seuls les pèlerins qataris peuvent se rendre sur les lieux saints musulmans en Arabie saoudite.

La fermeture de la frontière terrestre de l’Arabie saoudite avec le Qatar est également officialisée, ce qui bloque les importations de biens par voie terrestre du Qatar à travers l’Arabie saoudite.

L’Egypte a annoncé la fermeture des frontières “aériennes et maritimes” avec le Qatar qui, selon la diplomatie au Caire, “insiste à adopter un comportement hostile vis-à-vis” de l’Egypte.

Doha “sous tutelle”

Le Qatar a réagi avec colère en accusant à son tour ses voisins du Golfe de vouloir le mettre “sous tutelle” et de l’étouffer économiquement. Ces mesures sont “sans fondement”, a réagi dans la matinée le ministère qatari des affaires étrangères. Le Qatar “n’interfère pas dans les affaires d’autrui” et “lutte contre le terrorisme et l’extrémisme”, a encore précisé le ministère.

Doha estime cependant que cette rupture des relations “n’affectera pas la vie courante des citoyens et des habitants” de l’émirat.

Première conséquence toutefois: la Bourse de Doha a ouvert en forte baisse lundi matin, perdant 5,7% dans les cinq premières minutes des échanges. Vodafone Qatar était affecté avec une baisse de 8,9%, et la Qatar National Bank, première banque du pays, perdait 4,6%.

Autre réaction immédiate: les grandes compagnies aériennes Emirates, de Dubaï, et Etihad, d’Abou Dhabi, ont annoncé la suspension de tous leurs vols vers et en provenance du Qatar dès mardi. Réponse du berger à la bergère: Qatar Airways suspend aussi tous ses vols vers l’Arabie saoudite.

Coup dur pour le CCG

Cette rupture brutale des relations, annoncée lundi avant l’aube, intervient exactement deux semaines après la visite à Riyad de Donald Trump. Le président américain avait alors exhorté les pays musulmans à se mobiliser contre l’extrémisme. Washington a réagi de manière mesurée lundi matin en invitant les pays du Golfe à rester “unis”.

Le Qatar a également été exclu de la coalition militaire arabe qui combat actuellement des rebelles pro-iraniens (houthis) au Yémen. Cette dernière mesure a été saluée par le gouvernement du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a également rompu avec Doha. Il accuse le Qatar de soutenir, malgré sa participation à la coalition arabe, ses adversaires (les rebelles houthis).

Cette crise est la plus grave depuis la création en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar. La dernière crise ouverte dans le Golfe remonte à 2014 lorsque trois pays du CCG (Arabie, Bahreïn et Emirats) avaient rappelé leur ambassadeur au Qatar pour protester contre le soutien présumé de ce pays aux Frères musulmans.

“La danse du sabre”

Riyad, Abou Dhabi et Manama ont justifié cette mesure en raison du “soutien au terrorisme” du Qatar, y compris avec Al-Qaïda, le groupe Etat islamique (EI) et les Frères musulmans. “Le Qatar accueille divers groupes terroristes pour déstabiliser la région”, selon Riyad.

Téhéran a vivement réagi: “Ce qui se passe est la première conséquence de la danse du sabre”, a déclaré Hamid Aboutelabi, chef de cabinet adjoint du président iranien Hassan Rohani, faisant référence à la cérémonie à laquelle Donald Trump avait assisté lors de sa récente visite en Arabie saoudite le mois dernier.

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