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Arrivée et disparition des produits suisses sur les étals russes

(Keystone-ATS) Il y a un an, des producteurs suisses se sont frottés les mains lorsque la Russie a interdit l’importation de viande, de produits laitiers, de légumes et de fruits provenant de l’UE. Mais la chute du rouble et la cherté du franc ont déjà mis un terme à l’aventure.

Elle avait pourtant bien débuté, avec une courbe des statistiques sur les exportations pour les produits agricoles qui monte fortement: 1722 tonnes de viande ont été exportées en Russie entre juillet 2014 et juillet 2015. Soit 10 fois plus que l’année d’avant à la même période, selon les chiffres de l’Administration fédérale des douanes (AFD).

La tendance est la même pour les fruits, légumes et produits laitiers, avec quatre fois plus d’exportations vers la Russie pendant le deuxième semestre 2014.

La raison d’une telle augmentation? La décision, prise le 7 août 2014 par la Russie, d’interdire l’importation de viande, de produits laitiers, de légumes et de fruits provenant de l’UE, des Etats-Unis, du Canada et d’Australie.

Vladimir Poutine réagissait ainsi contre les sanctions décrétées par ces mêmes pays à l’encontre du sien suite à la crise en Ukraine. La Suisse reste épargnée par cette interdiction. En effet, le Conseil fédéral ne s’était pas rallié aux sanctions, prenant uniquement des mesures pour éviter que Moscou ne les contourne.

Du rouble dans l’aile

L’envol des exportations ne dure cependant pas. Dès décembre, il est plombé par la chute du rouble, puis par le renforcement du franc un mois plus tard.

D’un coup, les produits suisses deviennent très chers pour les importateurs russes, expliquent à l’ats Ruedi Hadorn, directeur de l’union professionnelle suisse de la viande (UPSV), et Marc Wermelinger, directeur de l’association suisse du commerce fruits, légumes et pommes de terre (Swisscofel).

“La Suisse ne parvenait plus à faire concurrence aux aliments turcs, iraniens ou chinois”, déplore Marc Wermelinger.

Fausse viande suisse

Ce n’est pas tout. En mai 2015, les autorités russes découvrent que des tonnes de viande sont entrées dans le pays, dotées d’un faux label suisse, pour contourner les sanctions européennes.

A partir de ce moment, les obstacles administratifs augmentent considérablement, stoppant pratiquement les importations tant de viande que de fruits et légumes suisses. “Les contrôles de provenance de produits et les traductions coûteuses des certificats sont devenus trop lourds pour les commerçants de fruits et légumes”, déplore le directeur de Swisscofel.

Des intérêts à ne pas froisser

Les deux directeurs admettent cependant que les exportations vers la Russie ont davantage été un essai plutôt qu’un projet sur le long terme. La quantité exportée de viande en Russie n’a atteint que 0,2% de la consommation totale. Les chiffres sont similaires pour les fruits et légumes.

La Suisse ne produit pas assez pour jouer un rôle important en Russie, remarque Christine Badertscher, collaboratrice au sein de l’Union suisse des paysans.

Et au vu de la situation géopolitique, il s’agissait aussi de ne pas froisser les deux partenaires commerciaux les plus importants de la Suisse: l’Union européenne et les Etats-Unis. C’est pourquoi “l’UPSV n’a pas soutenu activement ces exportations en Russie”, admet Ruedi Hadorn.

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