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ASSM: trop d’opérations des genoux sont pratiquées en Suisse

Aucune baisse significative des opérations du genou n'a été constatée dans la tranche d'âge entre 40 et 64 ans (archives). KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI sda-ats

(Keystone-ATS) En cas de lésion du ménisque due à l’âge, une intervention par arthroscopie du genou n’apporte aucune valeur ajoutée par rapport à un traitement non opératoire. Or, il s’agit d’un des actes chirurgicaux les plus souvent pratiqués en Suisse, déplore l’ASSM.

Les opérations du genou par exploration articulaire appartiennent à la routine. Alors qu’elles étaient surtout pratiquées à l’origine sur des patients jeunes, victimes d’une blessure par accident, elles se sont progressivement répandues chez les patients plus âgés et en dehors de circonstances d’accident, a indiqué vendredi l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM) dans un communiqué.

Or il est connu que les lésions du ménisque augmentent avec l’âge: 65% des patients de plus de 70 ans en souffrent. Il est tout aussi connu que les douleurs aux genoux n’ont généralement aucun lien avec une lésion du ménisque.

Il n’est pourtant pas rare que les patients insistent pour être opérés, ignorant les conclusions d’études qui montrent que la chirurgie ne procure pas de bénéfice additionnel à un traitement sans opération, par physiothérapie ou médicaments.

Plus de 40 ans

À la demande de l’ASSM, une équipe de chercheurs de l’Institut de médecine de famille de l’Université de Zurich (UZH) et du centre de recherche sur les services de santé de l’assureur Helsana a examiné si les résultats des études précitées ont entraîné une diminution des interventions chirurgicales ces dernières années.

Les chercheurs ont analysé la base de données d’Helsana et comparé les années 2012 et 2015. Leur attention s’est portée sur les assurés de plus de 40 ans ne présentant pas de lésion du ménisque due à un accident.

Résultats: en 2012, 648’708 personnes répondaient à ces critères et, parmi elles, 2520 interventions arthroscopiques du genou ont été effectuées. En 2015, 2282 interventions ont été exécutées sur un total de 647’808 assurés.

Au-delà de 64 ans, le nombre d’interventions a diminué d’environ 18%. Dans la tranche d’âge de 40 à 64 ans, la plus représentée, le chiffre a en revanche peu évolué de 2012 à 2015, note l’ASSM. Procédant à une extrapolation pour l’ensemble de la population suisse, les chercheurs arrivent à environ 16’000 opérations inutiles par année pour un coût de 70 millions de francs.

Incitations financières

Dans l’ensemble, il a été constaté que les interventions étaient plus fréquentes chez les patients couverts par une assurance complémentaire et plus rares chez ceux avec une franchise élevée. L’équipe de l’UZH en a conclu que le système de rémunération suisse incite les médecins à opter pour la chirurgie. Quant aux patients, ils ne sont que peu incités à privilégier un traitement conservateur ou à renoncer à une intervention.

Il semble que ces deux facteurs freinent ou fassent même obstacle à la transposition des résultats scientifiques dans la pratique, conclut l’ASSM, qui entend intensifier ses actions de sensibilisation, tant auprès des médecins que des patients. Ces prochains mois, différentes sociétés de disciplines médicales publieront leurs Top-5 des traitements inutiles.

L’Office fédéral de la santé publique est également en train d’évaluer l’utilité de certaines interventions au niveau du genou et de la colonne vertébrale, ainsi que les thérapies à base de fer. Des résultats sont attendus dans le courant de l’année prochaine.

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