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Athènes et l’UE réitèrent les promesses pour sortir de l’impasse

(Keystone-ATS) Une Grèce proche de la faillite s’est engagée vendredi à Bruxelles à présenter rapidement des réformes pour convaincre ses créanciers de l’aider financièrement. L’Union européenne (UE) s’est montrée conciliante, annonçant lui avoir “mis de côté” 2 milliards d’euros.

Après une réunion nocturne avec les plus importants dirigeants européens, en marge du Conseil européen, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a promis des propositions pour “les prochains jours”. Le gouvernement grec s’est ainsi lancé dans une nouvelle course contre la montre pour éviter l’asphyxie financière.

Une réunion de l’Eurogroupe devrait être organisée “dans les meilleurs délais”, a souligné la chancelière allemande. Elle recevra Alexis Tsipras lundi à Berlin.

L’UE ne reste pas sourde aux soucis financiers de la Grèce. Deux milliards d’euros (2,1 milliards de francs) ont été “mis de côté” pour que ce pays, a annoncé vendredi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Ces fonds “ne viendront pas renflouer les caisses de l’Etat grec”, a-t-il souligné. Ils pourront cependant être utilisés “pour renforcer les efforts en faveur de la croissance et de la cohésion sociale”, a expliqué M. Juncker.

Le temps presse

Athènes a probablement besoin d’un apport d’argent frais “de 2-3 milliards d’euros”, estiment les analystes de la banque Berenberg. Prêts, bons du trésor et intérêts confondus, ce sont 15,5 milliards d’euros qui devront être sortis des caisses de l’Etat d’ici août, a indiqué l’agence de la dette grecque (PDMA).

Le temps presse, donc. M. Tsipras assure cependant que son pays n’a pas de problème de liquidités à court terme. Vendredi, la Grèce a d’ailleurs remboursé 2,5 milliards d’euros à divers créanciers, dont 348,5 millions au FMI, selon une source proche de la transaction.

Réponses floues

M. Tsipras s’est à nouveau engagé à mettre en oeuvre l’accord du 20 février. Celui-ci avait permis de prolonger provisoirement l’aide financière à Athènes et d’ajourner le paiement d’une tranche de 7,2 milliards d’euros.

Toutefois les réponses d’Athènes à ses créanciers restent trop floues. Les réformes promises vont concerner des domaines déjà cités depuis des semaines: fiscalité, fraude fiscale, gestion de l’administration publique notamment.

Politiser le débat

Pour l’instant, les créanciers de la Grèce considèrent que trop peu d’éléments tangibles ont été apportés par le gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras. Ils déplorent par exemple qu’aucune estimation chiffrée détaillée n’a été livrée jusqu’ici.

Ce “flou”, dont s’est vanté le gouvernement grec, joue contre lui. “Il n’était pas bon d’adopter un texte (celui du 20 février) laissant la place à des interprétations aussi nombreuses, explique Filippa Chatzistavrou, politologue et enseignante à l’Université d’Athènes. “Assurément, ça profite au plus fort face au plus faible”.

Dans ce contexte, le retour à Athènes la semaine dernière des équipes techniques des créanciers UE et FMI s’est négocié dans la douleur. La “collecte de données” ne semble pas avoir apporté les résultats espérés. Les responsables grecs ont cependant donné vendredi des gages de coopération.

Processus législatif

“Nous avons appris que les équipes techniques préparaient une liste détaillée de leurs demandes de données (…) et d’éléments sur les réformes en cours. C’est une évolution constructive”, s’est félicité le ministère des Finances dans un communiqué. “Nous y répondrons dans le même esprit constructif”, a ajouté le ministère.

Parallèlement, le Parlement grec devait voter dans la soirée la seconde loi de sa mandature. Elle porte sur un plan d’étalement des arriérés d’impôts et de cotisations (plus de 76 milliards d’euros), espérant ainsi récupérer de l’argent frais.

La veille, la fondation allemande Hans Böckler, proche de la confédération syndicale DGB, a présenté une étude portant sur l’évolution des revenus en Grèce, de 2008 à 2013. Ceux-ci ont chuté de 23 % en moyenne, mais de 86% pour les 10% de foyers les plus modestes.

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