Des perspectives suisses en 10 langues

Atmosphère pesante au procès des agresseurs de Saint-Jean

Le procès de l'agression bestiale de Saint-Jean se tient dans une ambiance tendue avec la présence de nombreux proches des victimes (illustration). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Le procès de deux des auteurs de l’agression sauvage commise en janvier 2017 à Genève, dans le quartier de Saint-Jean, s’est ouvert lundi devant le Tribunal criminel de Genève. Les accusés doivent répondre d’une tentative d’assassinat.

Les deux victimes, des trentenaires qui ont eu le malheur de croiser le chemin de leurs bourreaux, sont dans l’incapacité d’assister aux débats. Ces hommes ont perdu une grande partie de leurs aptitudes physiques, mentales et psychiques et ne retrouveront plus jamais leur autonomie.

La violence dont ils ont été la cible dépasse l’entendement. Les deux amis ont été attaqués sans raison par une bande de cinq jeunes qu’ils ne connaissaient pas. Ils ont été frappés à la tête avec une batte de baseball, avec les pieds, avec les poings, avec un casque de moto, puis laissés, gisant dans la rue, inconscients.

Trois des cinq membres de la bande avaient moins de 18 ans lors des faits. Ils seront jugés séparément par la justice des mineurs. Les plus vieux, qui ont 20 ans aujourd’hui, doivent, eux, affronter la justice des adultes. Ils risquent gros, les actes qui leur sont reprochés étant d’une gravité extrême.

Le meneur se dérobe

Lundi, le tribunal a entendu le premier accusé. Ce colosse de 1m95, né à Genève et adepte de boxe anglaise, est présenté comme le meneur de la bande. Il refuse pourtant cette étiquette de mentor. “Je n’ai jamais demandé aux autres de faire quelque chose pour moi”, a-t-il affirmé devant ses juges.

Face au tribunal, cette force de la nature n’en mène pas large. Il bafouille ses réponses, bégaie et ne termine pas ses phrases. Sa mémoire flanche souvent. Il ne se souvient pas du serment que les membres de la bande ont fait entre eux de toujours se venir en aide “par tous les moyens à disposition”.

Il ne se rappelle pas non plus avoir dit à ses copains qu’ils leur faudra “niquer des gens en 2017” pour se faire connaître et se tailler une réputation. Ses complices affirment pourtant le contraire dans leurs dépositions. “Est-on dans l’hallucination collective?”, demande le président du tribunal Vincent Fournier.

Tout juste, l’accusé concédera qu’il a bien frappé ses victimes avec la batte de baseball. Il a aussi avoué avoir rattrapé l’un des deux hommes qui avait réussi à prendre la fuite. “Une fois qu’il était au sol, je l’ai tapé à trois ou quatre reprises à la tête, pas plus”. Les cris de sa victime, il ne les a pas entendus.

On parle vacances

En revanche, les sirènes des voitures de police sont bien parvenues à ses oreilles. La bande ne se disperse qu’à l’arrivée des secours. Quelques heures après l’agression, le prévenu trouve le temps, au petit matin, de changer sa photo de profil WhatsApp. Un de ses complices lance une invitation pour aller en boîte de nuit.

Quatre jours plus tard, les cinq se réunissent pour parler de vacances à Malte. L’accusé a été incapable d’expliquer pourquoi il a participé au massacre de deux personnes qui lui étaient inconnues. “Il y a toute une famille derrière vous qui attend des réponses”, a pourtant insisté le président du tribunal.

La bande avait déjà perpétré cinq agressions dans les semaines qui avaient précédé les événements de Saint-Jean. Les accusés ne doivent répondre que de l’une de ces cinq agressions, les autres n’ayant pas fait l’objet de plaintes. Le procès doit se poursuivre tout au long de la semaine.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision