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Attaque de Charlottesville: un néonazi plaide non coupable

L'accusé (2e depuis la gauche) a comparu devant un juge de Vigrinie. KEYSTONE/FRE 171322 AP/IZABEL ZERMANI sda-ats

(Keystone-ATS) Un néonazi américain, accusé d’avoir intentionnellement percuté des manifestants antiracistes à Charlottesville, en Virginie, en août 2017, a nié être coupable de meurtre lundi. Il s’exprimait au premier jour de son procès.

Le jeune homme de 21 ans est accusé d’avoir causé la mort d’une manifestante pacifiste de 32 ans en fonçant dans la foule avec son véhicule. Il s’est aussi dit lundi non coupable de délit de fuite et d’avoir blessé plusieurs personnes.

Son geste avait braqué les projecteurs sur la nouvelle génération de l’extrême droite qui a surgi sous Donald Trump, dont la rhétorique incendiaire est régulièrement dénoncée comme attisant la haine. Le président américain avait été très critiqué après les faits, parce qu’il avait semblé réticent à condamner clairement le rassemblement néonazi et avait parlé de “gens très bien des deux côtés”.

La sélection des jurés a commencé lundi et devrait durer deux jours. Le procès entier pourrait, lui, s’étaler sur trois semaines, mais sa date n’a pas encore été fixée. Lundi, les alentours du tribunal étaient calmes. La police avait installé des barrières et quatre gardes armés étaient positionnés devant le bâtiment.

S’il est reconnu coupable d’assassinat, l’accusé est passible d’une peine allant de 20 ans de prison à la perpétuité. Ses avocats ont échoué à dépayser le procès hors de la petite ville de Charlottesville où, ont-ils argué, il serait impossible de trouver des jurés impartiaux.

“Crimes de haine”

Le jeune militant néonazi a par ailleurs été inculpé par les autorités fédérales de “crimes de haine” (hate crimes), une catégorie d’infractions pénales à part où les victimes ont en commun d’avoir été ciblées en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à un groupe racial ou à une religion, ou encore en raison de leur identité sexuelle ou de leur handicap.

L’un de ces chefs d’inculpation prévoit la peine de mort. Les procureurs n’ont pas indiqué s’ils allaient demander le châtiment le plus sévère.

Selon l’acte fédéral d’inculpation, l’accusé avait plusieurs comptes sur les réseaux sociaux dans lesquels il exprimait son soutien au suprémacisme blanc et aux politiques d’Adolf Hitler et du Troisième Reich, et prônait la violence contre les Noirs et les Juifs.

D’après le Toledo Blade, un journal local de l’Ohio, où il vivait, il se serait enrôlé dans l’armée en août 2015, mais aurait été renvoyé parce qu’il ne se serait pas conformé aux “standards de la formation”.

Violences en hausse

Le rassemblement “Unite The Right” à Charlottesville avait été organisé par les nationalistes blancs Jason Kessler et Richard Spencer pour protester contre le déboulonnement annoncé d’une statue du général sudiste, Robert Lee.

Retransmises dans le monde entier, les images avaient montré des néonazis et membres du Ku Klux Klan défilant dans la nuit à la lumière de leurs torches, ou coiffés des cagoules pointues emblématiques du groupe. Elles ont rappelé l’une des époques les plus sombres de l’histoire récente américaine. D’autres brandissaient des drapeaux confédérés, celui des Etats favorables à l’esclavage, un emblème jugé raciste par beaucoup d’Américains.

Au deuxième jour des manifestations, le 12 août 2017, des heurts avaient éclaté entre des néonazis et des manifestants antifascistes, culminant avec l’attaque à la voiture.

Les violences commises par des nationalistes blancs, suprémacistes ou néonazis, ont fortement augmenté depuis 2007, selon un rapport de l’organisation New America.

Après Charlottesville, d’autres événements ont levé le voile sur la galaxie de groupuscules extrémistes actifs sur les réseaux sociaux et enhardis par le climat de division dans la société américaine.

Un homme a ouvert le feu fin octobre dans une synagogue de Pittsburgh, faisant onze morts. Le massacre est intervenu au lendemain de l’arrestation en Floride d’un homme accusé d’avoir envoyé des bombes artisanales à des opposants à Donald Trump.

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