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Barroso “discriminé” après son embauche par Goldman Sachs

L'ex-président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso décrié par ses anciens collègues (archives) KEYSTONE/EPA/OLIVIER HOSLET sda-ats

(Keystone-ATS) Vilipendé depuis son embauche par la banque américaine Goldman Sachs, l’ancien président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, est passé mardi à la contre-attaque. Il s’est dit victime de “discriminations”.

Les clarifications de M. Barroso sont parvenues via un courrier adressé à son successeur Jean-Claude Juncker, daté de mardi et que s’est procuré l’AFP. Il a respecté toutes les règles, y affirme-t-il, ajoutant “qu’il n’a pas été embauché comme lobbyiste, ni comme conseiller sur des questions liées au Brexit, mais pour donner des conseils liés aux affaires de la banque avec ses clients”.

M. Barroso se plaint également auprès de M. Juncker du traitement qui lui est réservé par l’actuelle Commission européenne, dont un porte-parole avait souligné la veille qu’il serait considéré comme un lobbyiste lambda lors d’éventuelles visites à Bruxelles.

“Ces actions sont non seulement discriminatoires mais elles apparaissent en plus comme incompatibles avec des décisions prises concernant d’autres ex-membres de la Commission”, proteste-t-il. “Vous avez d’abord suggéré que je serai reçu à la Commission avec un statut autre qu’ancien président, et qu’ensuite, si nécessaire, vous demanderez l’avis du comité éthique sur ce sujet”, note-t-il.

“Je n’ai jamais demandé une position privilégiée mais je ne voudrais pas être discriminé”, argue le Portugais. Il indique aussi n’avoir pas d’objection de principe à la saisine du comité d’éthique. L’ancien patron de la Commission se dit en revanche inquiet qu’une “décision à propos de son statut ait déjà été prise”, avant même cette saisine. “Si c’est le cas, je voudrais comprendre comment cette décision a été prise, par qui et sur quels fondements”.

Critiques “imméritées”

M. Barroso évoque également plus largement toutes les critiques et les interrogations sur son intégrité. Il les juge “sans fondement et complètement imméritées”. “Elles sont discriminatoires à mon égard et contre Goldman Sachs”, s’est encore défendu le Portugais.

Des eurodéputés de plusieurs formations de gauche ont de leur côté réclamé mardi la saisine de la Cour de justice de l’Union européenne pour savoir si ses nouvelles activités “constituent une violation par M. Barroso de ses devoirs d’honnêteté et de délicatesse”.

Pour eux, son recrutement “symbolise une dérive inacceptable, celle du conflit d’intérêts de responsables politiques”.

Hollande apporte sa caution

La contre-offensive de l’ancien Premier ministre conservateur portugais intervient au lendemain du coup de pression venu de Bruxelles, de la part de Jean-Claude Juncker.

Le recrutement par Goldman Sachs de l’ex-dirigeant européen a soulevé une vague d’indignation, qui s’est exprimée par des pétitions de citoyens et de fonctionnaires européens. Le président français François Hollande a apporté mardi son soutien aux initiatives prises par M. Juncker. Ce dernier, tout en prenant ses distances, s’était jusqu’ici borné à rappeler que M. Barroso n’avait pas formellement violé le code de bonne conduite signé par les commissaires européens.

Mais après avoir été interpellé par la médiatrice de l’Union européenne, M. Juncker s’est résolu à demander à son prédécesseur “des clarifications sur ses nouvelles responsabilités et les termes de son contrat de travail” avec Goldman Sachs, promettant de soumettre la réponse à l’avis du comité d’éthique ad hoc.

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