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Berlin s’oriente vers une interdiction partielle de la burqa

"Nous voulons légalement introduire le principe de montrer son visage là où c'est nécessaire pour notre société", a dit le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière à l'antenne de la chaîne télévisée ZDF (archive). KEYSTONE/AP/MARKUS SCHREIBER sda-ats

(Keystone-ATS) Le ministre allemand de l’Intérieur a appelé vendredi à une interdiction partielle de la burqa. Le thème de l’intégration des musulmans et la lutte contre la radicalisation dominent le débat politique depuis des attaques en juillet et avant des élections régionales.

Thomas de Maizière a relevé que “la burqa n’est pas compatible avec notre pays ouvert sur le monde (…) et la question est comment nous allons régler juridiquement cette question”. Il sortait d’une réunion avec ses homologues conservateurs des Länder d’Allemagne.

“Nous sommes d’accord que nous voulons légalement introduire le principe de montrer son visage là où c’est nécessaire pour notre société: au volant, lors de procédures administratives, au service de l’état civil, dans les écoles et les universités, dans le service public, devant les tribunaux”, a-t-il dit à l’antenne de la chaîne télévisée ZDF.

Il n’a cependant pas donné de calendrier pour introduire cette interdiction. Largement soutenue dans les rangs conservateurs, cette idée n’a pas l’adhésion des sociaux-démocrates du SPD, alliés au sein du gouvernement à la CDU d’Angela Merkel et M. de Maizière.

Interdiction totale exclue

“On va avancer étape par étape, mais je pense que beaucoup de choses peuvent être approuvées”, a-t-il dit. La semaine dernière, il avait exclu une interdiction générale du voile intégral qui serait, selon lui, inconstitutionnelle.

Le ministre doit présenter, vendredi en fin de matinée au cours d’une conférence de presse, une “déclaration de Berlin” sur la sécurité et l’intégration signée de tous les ministres de l’Intérieur conservateurs des Etats-régions allemands.

Après une série d’attaques en juillet dont certaines revendiquées par le groupe Etat islamique, M. De Maizière avait déjà annoncé une série de mesures le 11 août pour renforcer la sécurité dans le pays. La déchéance de nationalité pour les combattants djihadistes binationaux à l’étranger, ainsi que des renforcements des moyens humains et techniques de la police et des services de renseignement, en faisaient partie.

Barrière à l’intégration

Le ministre de l’Intérieur, comme la chancelière Angela Merkel, ont souligné que le voile intégral était une barrière à l’intégration et non un problème de sécurité. “Une femme entièrement voilée n’a presque aucune chance de s’intégrer”, a déclaré Mme Merkel dans un entretien publié vendredi.

Le voile intégral a été interdit dans plusieurs pays européens et fait l’objet de réflexion dans de nombreux autres. Du côté des opposants allemands à l’interdiction, on relève volontiers l’échec de la mesure en France.

“En France, la burqa est interdite depuis des années sans le moindre résultat. Le pays n’est pas plus sûr et les musulmans ne sont pas plus intégrés”, relève sur son site l’hebdomadaire der Spiegel.

Bilkay Öney, qui travaille sur les questions d’intégration au SPD, a relevé à propos de la burqa “que son interdiction (en France) n’a pas empêché des attentats”, ni réglé la question de l’intégration. “Nous devons faire en sorte que les musulmans, les migrants s’émancipent, mais ça demande du temps”, relève-t-elle dans le quotidien Die Welt.

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