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Berne s’oppose à l’interdiction de la visite du ministre turc

Comme en Allemagne voisine, la venue de Mevlüt Cavusoglu suscite une vive controverse parce qu'elle se produit dans un contexte de campagne référendaire (archives). KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN sda-ats

(Keystone-ATS) La Confédération a finalement tranché jeudi dans la controverse de la visite du chef de la diplomatie turque prévue dimanche à Zurich. Malgré les inquiétudes des autorités zurichoises, Berne estime qu’il n’y a pas lieu d’interdire la venue de Mevlüt Cavusoglu.

Au coeur de cette polémique: la crainte de manifestations et de débordements à ce qui semble fort ressembler à un meeting de propagande électorale. C’est cette même crainte qui a conduit à de nombreuses annulations de meetings avec des ministres turcs prévus en Allemagne ces derniers jours.

Les Turcs devront en effet se prononcer le 16 avril lors d’un référendum sur le renforcement des pouvoirs accordés au chef de l’Etat turc. La diaspora turque est, elle aussi, appelée à voter.

Pour des raisons de sécurité, le canton de Zurich avait fait savoir mercredi qu’il ne souhaitait pas la venue de M. Cavusoglu. Il avait demandé l’annulation du meeting et interpellé le Conseil fédéral dans ce sens.

Rencontre DFAE – ambassadeur turc

La réponse de Berne est tombée jeudi. Les services de la Confédération responsables des questions de sécurité estiment “qu’à l’heure actuelle cette visite de M. Cavusoglu “ne représente pas une menace particulièrement élevée du point de vue de la sécurité intérieure de la Suisse”, a indiqué jeudi en fin de journée le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Aucun élément ne justifie donc l’interdiction de cette visite, selon Berne.

La Suisse va cela dit “continuer de suivre attentivement l’évolution de la situation et est prête à adapter ses recommandations en cas de besoin”, précisent les services de Didier Burkhalter. Une rencontre entre une représentante du DFAE et l’ambassadeur de Turquie pour discuter des modalités de cette visite s’est déroulée jeudi à Berne.

La Confédération reste également en étroits contacts avec les autorités zurichoises. Elle souligne en outre “l’importance du principe de liberté d’expression dans notre pays et attend de la part des autorités des autres pays, notamment de la Turquie, qu’elles y accordent la même importance”.

Annulation d’un hôtel zurichois

Plus tôt dans la journée, l’hôtel zurichois où devait avoir lieu initialement la rencontre publique avec la participation du ministre turc des affaires étrangères avait annoncé son annulation.

“Nous avons annulé la manifestation ce matin”, a déclaré à l’ats Alexej Lintchuc, gestionnaire d’événements pour l’hôtel Hilton de Zurich-Opfikon, non loin de l’aéroport de Kloten. Il confirmait une information de la télévision alémanique SRF. L’organisateur n’est pas en mesure de garantir la sécurité des clients de l’hôtel, des participants à la rencontre et du personnel de l’hôtel, selon lui.

Le chef de la diplomatie turque devait y rencontrer les consuls généraux turcs en poste en Suisse et en Autriche, puis s’entretenir avec des membres de la communauté turque de Suisse. Selon l’hôtel, la manifestation avait été organisée à la demande de l’Union des démocrates turcs européens (UETD). Proche du parti au pouvoir en Turquie, l’UETD a une section en Suisse.

Jeudi soir, le canton de Zurich a dit prendre note de la décision de la Confédération. “La police cantonale fera tout son possible au nom du Conseil fédéral et en collaboration avec les autorités locales pour assurer la sécurité et maintenir la loi et l’ordre”, indique-t-il dans un communiqué lacunaire.

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