Des perspectives suisses en 10 langues

Berset prêt à discuter d’une force de réaction rapide sur la santé

Le président de la Confédération Alain Berset a annoncé la volonté de la Suisse de porter un appel à l'action sur la couverture santé pour tous dans les situations d'urgence. KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) La Suisse est ouverte à la discussion sur le projet du directeur général de l’OMS d’une force mondiale de réaction aux urgences sanitaires. Lundi à Genève, Alain Berset a aussi annoncé préparer un appel à l’action sur la santé pour tous dans les situations de crise.

Dans son discours au début de l’Assemblée mondiale de la santé (AMS), le président de la Confédération a salué la réaction de Tedros Adhanom Ghebreyesus face à la nouvelle flambée d’Ebola en République démocratique du Congo (RDC). Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’était rendu sur place quelques jours après l’annonce des premiers cas.

Devant les Etats membres, M. Tedros s’est dit lundi “fier” de la réponse de son personnel et des autres travailleurs de santé qui “risquent leur vie”. “Nous changeons encore l’histoire chaque jour”, a-t-il encore relevé alors que l’organisation célèbre ses 70 ans.

M. Berset a lui souhaité que les enseignements tirés par l’organisation de la précédente épidémie d’Ebola permettent de contrôler rapidement celle qui a lieu actuellement. Au total, 26 personnes sont décédées sur une cinquantaine de cas. La vaccination devait débuter lundi dans la ville de Mbandaka.

Si “l’OMS a connu de grands succès (…), il a parfois été difficile d’apporter les réponses” adaptées aux urgences, a rappelé Alain Berset. L’organisation a lancé un nouveau dispositif plus opérationnel face à ces situations.

OMS “plus importante que jamais”

Mais M. Tedros souhaite aller plus loin. Il a proposé ces derniers mois la constitution d’un Corps mondial contre les urgences sanitaires qui serait alimenté par au moins 50 pays. “Nous sommes naturellement prêts à mener la discussion” en fonction des réactions, a dit le président de la Confédération devant la presse après son discours. Mais il attend davantage de détails concrets sur cette question.

En revanche, la Suisse veut porter elle-même et avancer vite sur la lutte pour des avancées sur la couverture santé pour tous dans les contextes fragiles ou les conflits. Elle va piloter une réflexion pour lancer en septembre prochain à l’Assemblée générale de l’ONU un appel à l’action.

“Comment atteindre une couverture santé pour tous si les hôpitaux et les travailleurs de santé sont délibérément attaqués?”, a-t-il demandé. La Suisse veut des avancées sur cette question.

Dans ce contexte de conflits civils, l’OMS “n’a rien perdu de son importance. Elle est plus importante que jamais”, ajoute Alain Berset. Et son rôle devrait grandir encore dans les prochaines années.

Effort sur les génériques

Plus largement, le président de la Confédération a relevé les efforts encore à mettre en oeuvre pour améliorer la santé dans le monde. Il soutient l’objectif d’atteindre la couverture d’un milliard de personnes supplémentaires de 2019 à 2023, de protéger un milliard de personnes en plus face aux urgences sanitaires et d’améliorer la situation d’un autre milliard d’individus sur une dizaine de questions.

“C’est notre courage commun” qui permettra à l’OMS de poursuivre avec succès son mandat pour la santé pour tous, a également expliqué M. Berset. Parmi les questions récurrentes à l’Assemblée mondiale de la santé, le prix des médicaments est toujours sensible.

En Suisse, M. Berset admet que des efforts doivent être menés sur l’accès aux génériques, sans en dire davantage. La différence du prix de ces médicaments peut atteindre “du simple au double” avec les pays voisins.

Ligne aérienne avec le Rwanda?

A l’étranger, la question est plus “sensible” en raison des différences économiques entre pays. Il faut trouver un équilibre entre recherche au sein des entreprises, recherche publique et une mise sur le marché qui garantisse une capacité à investir, relève M. Berset.

En marge de l’AMS, M. Berset a notamment rencontré le président de l’Union africaine (UA) Paul Kagame. Le chef de l’Etat rwandais a relevé devant les 197 pays membres qu’il manquera au total 26 millions travailleurs de santé en Afrique d’ici 2030 pour garantir la “priorité” de la couverture santé pour tous.

Avec lui, M. Berset a discuté de collaborations supplémentaires comme le scénario d’une ligne aérienne directe entre leurs deux pays. Il devait également rencontrer les ministres de la santé française, allemand ou canadienne.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision