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Beznau épinglée car elle ne résisterait pas à “un puissant séisme”

(Keystone-ATS) Une quinzaine de riverains de Beznau (AG), aidés par trois organisations écologistes dont Greenpeace, menacent de porter plainte contre la centrale nucléaire. Ils exigent un arrêt définitif de l’installation, car elle ne résisterait pas à un “puissant séisme”.

Greenpeace, l’Association trinationale de protection nucléaire (ATPN) et la Fondation suisse de l’énergie (SES) ont mis en lumière jeudi à Berne “ce grave défaut de sécurité”. Un puissant séisme correspond à un tremblement de terre très violent tel qu’il se produit tous les 10’000 ans, indiquent les organisations en se référant à l’ordonnance sur la radioprotection.

Pour mémoire, l’exploitant de la centrale a dû procéder à des vérifications concernant le risque sismique suite à la catastrophe de Fukushima en 2011.

La centrale de Beznau avait remis ses résultats en mars 2012 à l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN), qui les a examinés. L’autorité de surveillance a ensuite autorisé la poursuite de l’exploitation de la centrale.

Interprétations différentes

Or, il semble que l’IFSN applique les mauvaises valeurs-limites de protection contre les radiations, soulignent les trois organisations. La simulation sismique pour Beznau évoque une dose radioactive de 78 millisievert (mSv), un chiffre inférieur à la valeur de 100 mSv établie par l’IFSN. Or, calcul et interprétation de la loi à l’appui, les trois organisations estiment que la valeur limite devrait être de 1 mSv.

Une dose de 100 mSv provoque la mort prématurée d’une personne sur cent. Les résultats ont montré que “des quantités inadmissibles de radioactivité s’échapperaient des réacteurs si un tel accident devait se produire”, indiquent Greenpeace, l’ATPN et la SES. “Beznau doit être mise hors service sans délai”, conclut Markus Kühni. L’ingénieur a réalisé une analyse technique pour les plaignants.

Au tribunal dans un 2e temps

Les travaux de rééquipement en cours, qui se montent à 700 millions de francs, n’ont aucune influence sur la sécurité antisismique, assurent les trois organisations.

Ainsi, une quinzaine de riverains de la centrale ont envoyé mercredi un courrier à l’IFSN. Ils demandent à l’autorité de surveillance de corriger sa décision de juillet 2012. Elle avait alors décidé qu’un puissant tremblement de terre n’était pas un critère pour débrancher les réacteurs.

Si l’IFSN ne revoit pas sa position actuelle, les plaignants entendent recourir au Tribunal administratif fédéral, voire ensuite au Tribunal fédéral, a indiqué l’avocat Martin Pestalozzi, qui s’attend à une longue procédure.

Lettre des socialistes

Le déficit de sécurité en cas de tremblement de terre est également montré du doigt par le PS, qui a aussi demandé l’arrêt définitif de la centrale argovienne ce jeudi. Les socialistes ont adressé une lettre allant dans ce sens à la conseillère fédérale Doris Leuthard, selon un communiqué.

La découverte de dommages à l’intérieur de la cuve du réacteur, l’absence de documents importants et la corrosion de l’enveloppe extérieure du réacteur sont autant d’argument justifiant la fermeture de Beznau, juge le PS.

L’IFSN va examiner la requête

L’IFSN a indiqué sur son site internet qu’elle allait examiner la requête et qu’elle y répondrait en temps voulu. Elle dit se baser pour ses calculs sur l’ordonnance du DETEC sur les hypothèses de risque et sur l’évaluation de la protection contre les défaillances dans les installations nucléaires. Les valeurs-limites sont conformes aux exigences de l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA) et garantissent “un bon niveau de sécurité”.

L’exploitant de Beznau, Axpo, a fait savoir par son porte-parole Antonio Sommavilla que “la centrale remplit les standards de sécurité les plus élevés et que les conditions fixées sont respectées en tout temps”. Beznau 1 a été mis en fonction en 1969, le bloc 2 en 1971.

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