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Burkina: l’armée sécurise Ouagadougou au lendemain de son assaut

(Keystone-ATS) L’armée loyaliste a repris mercredi le contrôle de la situation dans la capitale du Burkina Faso, au lendemain de son assaut-éclair contre la caserne des ex-putschistes de la garde présidentielle. L’ex-chef putschiste s’est momentanément réfugié dans une ambassade.

De nombreux soldats étaient positionnés à presque tous les coins de rue du quartier Ouaga2000, qui abrite la caserne du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). C’est cette unité d’élite de l’armée burkinabè, ancienne garde prétorienne de l’ex-président Blaise Compaoré, qui avait mené le coup d’Etat du 17 septembre, mis en échec au bout d’une semaine.

Le chef du RSP et auteur principal du putsch, le général Gilbert Diendéré, se trouvait mercredi après-midi “dans une représentation diplomatique” de la capitale. Des négociations étaient en cours pour qu’il soit remis aux autorités, a indiqué un communiqué du gouvernement.

Le gouvernement a ajouté que l’armée loyaliste continuait mercredi de passer “au peigne fin le Camp Naba Koom en vue de dresser un bilan exhaustif des opérations militaires”. Il a réitéré son “appel à la tolérance et au bon accueil de nos frères de l’ex-RSP”.

Toujours pas de bilan des victimes

Mardi soir, l’armée régulière, déterminée à en finir avec les irréductibles du RSP qui rechignaient à rendre leurs armes, avait mené un assaut-éclair à l’arme lourde contre la caserne Naaba Koom. Le général Diendéré, ancien bras droit de Compaoré, avait alors affirmé craindre un bilan élevé, mentionnant la présence dans le camp, en temps normal, des familles de militaires et d’une clinique.

Mercredi matin, des tireurs allongés étaient positionnés, l’arme pointée vers des terrains vagues où des soldats du RSP auraient pu trouver refuge après avoir fui leur camp au moment de l’assaut.

L’opération de ratissage et de sécurisation du quartier Ouaga2000, dans le sud de la capitale, était menée alors même qu’une circulation très intense de centaines de petites motos, le moyen de locomotion le plus populaire à Ouagadougou, avait repris sur l’axe principal menant au centre-ville. Sur le bord de la route, les travailleurs prenaient leur petit-déjeuner sur le pouce dans des gargotes, signe d’une normalité en partie retrouvée dans la capitale.

La société civile, qui avait rejeté une première médiation de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) comprenant une amnistie des putschistes, n’a cessé de rappeler que le putsch avait fait une dizaine de morts et une centaine de blessés et que ses principaux responsables devaient être traduits en justice.

Prochaines élections

Le régime de transition doit à présent mener à bien sa principale mission: l’organisation des élections générales. L’Union européenne (UE) s’est félicitée de “la fin des affrontements” à Ouagadougou, saluant “un pas important vers la normalisation de la situation”.

Ces élections sont censées tourner la page de la transition ouverte il y a un an à la suite du soulèvement populaire qui a chassé du pouvoir le président Compaoré, après 27 ans à la tête de ce pays. L’histoire du Burkina Faso est jalonnée de coups d’Etat militaires depuis son indépendance en 1960.

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