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Burundi: le Conseil des droits de l’homme ordonne une enquête

(Keystone-ATS) Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a demandé jeudi l’envoi “en urgence” d’experts indépendants pour enquêter sur les exactions commises au Burundi. Le pays semble s’acheminer vers la guerre civile.

Dans une résolution adoptée par consensus lors d’une session spéciale sur le Burundi à Genève, le Conseil demande au Haut Commissaire chargé des droits de l’homme Zeid Ra’ad Al Hussein, “d’organiser et d’envoyer sur place en urgence une mission composés d’experts indépendants”.

La “situation au Burundi est explosive et le pays est sur le point de basculer dans la guerre civile”, a déclaré M. Zeid à l’ouverture des débats. Selon lui, la situation “réclame une réponse robuste et décisive de la part de la communauté internationale”.

Plus de 400 morts

“Le carnage du week-end passé a confirmé l’étendue des violences et des intimidations qui sont en train de renvoyer le pays vers un passé profondément troublé, sombre et horriblement violent (…) et qui n’a fait que l’éloigner un peu plus d’une solution politique, dont le besoin est pourtant si impérieux”, a ajouté M. Zeid.

Au moins 400 personnes ont été tuées depuis le 26 avril et le bilan des morts pourrait être beaucoup plus élevé, selon le Haut commissariat. Parmi les victimes, le nombre de personnes sommairement exécutées pourrait aller jusqu’à 68.

Au moins 3496 personnes ont été arrêtées en lien avec la crise politique actuelle. Les défenseurs des droits de l’homme et journalistes indépendants ont quitté le pays ou se cachent. En outre, selon l’agence de l’ONU, 220’000 personnes se sont réfugiés dans des pays voisins, auxquelles s’ajoutent de nombreux déplacés internes.

Désarmer les milices

Le Haut Commissaire a exhorté le gouvernement de Bujumbura à prendre toutes les mesures nécessaires pour désarmer la milice armée pro-gouvernementale, dont les Imbonerakure, et à placer les opérations de la police, des services de renseignements et des autres forces de sécurité sous le couvert de la loi. Il a aussi demandé l’implication de la Cour pénale internationale (CPI).

La résolution de jeudi, présentée par les Etats-Unis, exprime “une grande inquiétude devant les récentes exécutions extra-judiciaires”. Elle demande aux autorités burundaises de permettre aux enquêteurs indépendants de faire leur travail, afin “que tous les auteurs de ces actes soient traduits en justice”.

La résolution demande aussi que la commission d’enquête puisse faire un premier point de la situation devant le Conseil des droits de l’homme, lors de sa session de mars. Le rapport complet des enquêteurs devrait être présenté lors de la session de septembre 2016 du Conseil.

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