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Calais: un conducteur tué dans un barrage de migrants, une première

La carcasse du véhicule accidenté près de Calais. KEYSTONE/EPA VOIX DU NORD / MAXPPP/GUY DROLLET sda-ats

(Keystone-ATS) Le conducteur d’une camionnette est mort dans la nuit de lundi à mardi dans un accident provoqué par un barrage de migrants sur l’autoroute A16. Il s’agit d’une première dans le Calaisis, signe d’un retour de la pression migratoire.

Le chauffeur de ce véhicule immatriculé en Pologne a percuté vers 03h45 l’un des trois poids lourds bloqués par ce barrage artisanal sur l’autoroute A16 à hauteur de Guemps, à 15 km à l’Est de Calais. Son véhicule s’est alors embrasé, a indiqué la préfecture du Pas-de-Calais dans un communiqué.

Son identité n’a pu être encore déterminée, “compte tenu de l’état du corps”, a précisé la préfecture.

Neuf migrants de nationalité érythréenne ont été interpellés dans l’un des poids lourds bloqués par le barrage et placés en garde à vue. De source policière, ils sont poursuivis pour “homicide involontaire”, “entrave à la circulation” et “mise en danger de la vie d’autrui”. La PJ a été saisie.

Nouveaux barrages

L’autoroute avait dû être fermée et une déviation mise en place. Elle a rouvert à 07h00, sur une file dans le sens Dunkerque-Calais, après que le corps du chauffeur et le premier poids lourd ont été dégagés.

L’installation de barrages artisanaux dans le Calaisis, principalement la nuit, par des migrants désespérés afin de ralentir des camions en partance pour l’Angleterre et de tenter de se cacher à l’intérieur, était quasi quotidienne lorsque la “Jungle”, qui s’était formée au printemps 2015, dans la foulée d’un retour d’une forte présence de migrants en 2014, existait encore.

Cette pratique avait cessé avec le démantèlement du bidonville en octobre 2016, mais elle a progressivement repris depuis fin mai et le retour marqué des migrants dans le Calaisis. Alors que les barrages étaient principalement érigés sur la rocade portuaire du temps de la “Jungle”, désormais ultra-sécurisée, ils sont aujourd’hui pour l’essentiel concentrés sur l’autoroute.

Ainsi, dans la nuit de dimanche à lundi, vers 04h00, des réfugiés avaient une nouvelle fois créé un barrage de troncs d’arbre et de branchages, à peu près au même endroit que la nuit dernière sur l’autoroute A16.

Venue de Collomb

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a annoncé qu’il se rendrait “prochainement” à Calais, expliquant qu’on “ne peut pas laisser perdurer ces atteintes à la légalité”.

“Il faut qu’ils (les responsables, NDLR) soient poursuivis devant les tribunaux” car “qu’on soit migrant ou Français, on respecte la loi française”, a-t-il dit.

“C’est une situation qui nous met en colère: on avait averti que cela pouvait arriver et c’est arrivé! L’Etat avait fait son travail en effectuant le démantèlement de la ‘Jungle’, aujourd’hui il est urgent de renforcer la présence policière” pour “éviter la présence de personnes sur la route dans un périmètre de 50 à 100 km autour de Calais”, a estimé David Sagnard, président de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) du Pas-de-Calais.

“Calais est devenue une zone d’anarchie soigneusement entretenue par divers acteurs associatifs et institutionnels (…) L’UNSA Police exige le démantèlement régulier des installations de migrants à Calais”, a pour sa part réagi dans un communiqué Philippe Capon, secrétaire général de l’UNSA Police.

Entre 400 migrants selon la préfecture, et 600 selon les associations, vivent aujourd’hui à Calais et dans ses environs dans des conditions précaires.

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