Des perspectives suisses en 10 langues

Caracas dit avoir perdu 265 millions de dollars chez Credit Suisse

Jorge Arreaza estime que l'argent vénézuélien perdu en Suisse aurait suffi à honorer les besoins en médicaments dans son pays. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Le Venezuela estime avoir perdu en valeur réelle 265 millions de dollars de 2007 à 2018 chez Credit Suisse en raison de sanctions américaines. Son ministre des affaires étrangères a dit mardi à Genève que cette situation a contribué à la crise actuelle dans son pays.

“Nos actions ont souffert à cause des sanctions américaines”, a dit devant le Conseil des droits de l’homme Jorge Arreaza. Celle-ci “rend difficile la distribution et l’importation de nourriture et de médicaments”, a-t-il déploré.

Le Venezuela a besoin de 120 millions de dollars pour des vaccins, du sang et des médicaments contre “de nombreuses maladies”. Moins que la perte observée seulement chez le numéro deux bancaire suisse, a également ajouté M. Arreaza.

Credit Suisse avait interdit il y a un an à ses traders d’effectuer des transactions concernant la dette du Venezuela et sur des produits financiers de Caracas. Comme UBS, la banque s’est alignée sur les sanctions américaines.

Millions de réfugiés au total

Comme la veille, Jorge Arreaza a attribué aux Etats et à l’UE le “siège économique et financier” contre son pays qui a, selon lui, provoqué la crise migratoire actuelle. Ces déplacements forcés ont “endommagé l’image du Venezuela”, a-t-il estimé. Environ 2,3 millions de personnes auraient fui le pays ces dernières années, dit l’ONU.

Jorge Arreaza a dénoncé la “xénophobie” contre certains ressortissants de son pays dans les Etats voisins, dépassés par l’afflux sans précédent de ces migrants. Il s’est félicité du corridor humanitaire organisé actuellement par son pays pour faire revenir des milliers de personnes, dont certaines ont été selon lui victimes d’abus.

Le ministre a répété que son pays rejetait tous les rapports “biaisés” de l’ancien Haut commissaire aux droits de l’homme Zeid Raad al-Hussein. Celui-ci avait dénoncé de possibles crimes contre l’humanité dans la répression des manifestations qui ont tué au moins 120 personnes. Il avait demandé une Commission d’enquête internationale.

En revanche, Jorge Arreaza attend une “nouvelle étape” de collaboration avec Michelle Bachelet. L’ancienne présidente chilienne l’a rencontré lundi. Au Conseil, un projet de résolution demande au Haut-Commissariat un nouveau rapport en juin 2019 sur la situation. Le gouvernement vénézuélien avait toujours rejeté les allégations de celui-ci en affirmant qu’elles n’étaient pas mandatées par une décision des Etats.

La Suisse s’exprime sur trois pays

De son côté, la secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Pascale Baeriswyl a assuré devant le Conseil son soutien à la nouvelle Haut commissaire, qu’elle a rencontrée mardi pendant une vingtaine de minutes. Elle a encore répété l’inquiétude de la Suisse sur la situation au Venezuela.

Face “aux violations récurrentes des droits de l’homme et une remise en question de l’Etat de droit”, elle a appelé les autorités de ce pays à “renoncer de toute urgence à toute violence et détention arbitraire”. Et elle leur demande de garantir des procès équitables et une protection contre la torture et autres abus.

Berne appelle aussi à la libération de l’ensemble des détenus politiques au Cambodge après des élections “ni libres, ni équitables”. La Suisse salue aussi la décision du président congolais Joseph Kabila de ne pas chercher un nouveau mandat, ce qui aurait été en violation de la Constitution, en République démocratique du Congo (RDC). Et à faire en sorte que “chaque citoyenne et chaque citoyen puisse participer” à l’élection attendue dans quelques mois.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision