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Chantiers romands à l’arrêt pour une nouvelle convention nationale

(Keystone-ATS) Quelque 3800 maçons ont manifesté mercredi dans les cantons de Neuchâtel, du Jura et de Genève. Ils exigent d’obtenir des négociations avec le patronat sur le renouvellement de la convention nationale du secteur principal de la construction (CN).

Tandis que la Société suisse des entrepreneurs (SSE) propose de reconduire l’actuelle CN – qui échoit fin décembre – pour 2016, les syndicats souhaitent son renouvellement avec des améliorations.

Ils demandent en particulier le maintien de la retraite à 60 ans, une lutte plus efficace contre la sous-enchère salariale, et plus de protection, notamment en cas d’intempéries – un problème concret dans une ville comme La Chaux-de-Fonds à 1000 mètres d’altitude, illustre Edy Zihlmann, secrétaire syndical d’Unia.

Disparition des acquis

“Dans moins de deux mois, il pourrait ne plus y avoir de convention”, a relevé la secrétaire régionale d’Unia Transjurane Emilie Moeschler. “Tous les acquis auront alors disparu.”

Les négociations sont en cours sur les salaires 2016 et le financement de la retraite anticipée à 60 ans, souligne Gian-Luca Lardi, président central de la SSE contacté mercredi par l’ats. Toutes les parties doivent se réunir les 20 et 27 novembre pour en discuter.

Pour Unia, il est absurde de ne pas y évoquer la CN. “En ce qui concerne la sous-enchère salariale, c’est un travail à part. Nous travaillons déjà sur un système pour améliorer le contrôle de l’application de la CN”, défend pour sa part Gian-Luca Lardi.

Besoin de rassurer

A Neuchâtel, plus de 500 maçons ont débrayé dès l’aube et défilé au centre-ville durant une heure dès 13h30, avec discipline mais force chants, sirènes et slogans.

Au moins 80% de la nonantaine de chantiers neuchâtelois ont été fermés, a estimé Edy Zihlmann. Des ouvriers neuchâtelois oeuvrant sur des chantiers dans d’autres cantons se sont joints au mouvement.

Dès l’aube, des bus sont allés chercher les travailleurs sur les chantiers du canton. Il y a quelques semaines, tout le monde aurait eu peur d’y monter, car les entreprises leur ont fait comprendre qu’en cas de licenciements conjoncturels, les protestataires seraient les premiers sur la liste, a commenté Edy Zihlmann.

Soutien des fonctionnaires genevois

A Genève, près de 3000 maçons ont défilé dans les rues, selon le décompte des syndicats. Ils étaient soutenus par quelque 4500 fonctionnaires du canton, en grève depuis mardi. Ils se sont arrêtés peu avant 10h00 sur le pont du Mont-Blanc, qui était noir de monde, a constaté sur place une journaliste de l’ats.

Quelque 300 maçons du Jura et du Jura bernois ont également participé au mouvement à Delémont, dépassant les attentes des responsables syndicaux, qui avaient appelé à la mobilisation en faisant le tour des chantiers, en particulier dans les vallées de Delémont et Tavannes (BE).

Une vingtaine de chantiers du Jura et du Jura bernois étaient à l’arrêt, en raison de ce mouvement de protestation, a estimé Emilie Moeschler. La région interjurassienne compte environ 2000 ouvriers de la construction.

“Il ne s’agit pas d’une grève, mais d’une mobilisation du secteur de la construction”, a souligné la syndicaliste. Les ouvriers avaient pris congé ou puisé dans leur solde d’heures supplémentaires pour participer à cette action.

Médiation du SECO

La SSE a condamné ces manifestations, qui “vont à l’encontre de la convention collective qui prévoit la paix absolue du travail”, note Gian-Luca Lardi.

Face aux divergences de vues persistantes, une médiation du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) n’est pas exclue. Pour rappel, la SSE, l’Alliance construction ainsi que les syndicats Unia et Syna s’étaient déjà réunis le 15 juin avec le SECO pour parvenir à un accord sur les questions controversées liées à l’amélioration de l’application de la CN. Unia n’avait pas donné son aval.

Plus de 6000 employés ont déjà protesté lundi au Tessin et mardi en Suisse alémanique.

Ce n’est pas le cas dans des cantons comme Vaud, le Valais ou Fribourg, non rattachés au système de la Fondation retraite anticipée (FAR). Mais dès janvier, ils se joindront aux protestations s’il n’y a plus de CN, a expliqué Serge Gnos, membre de la direction du secteur construction d’Unia.

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