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Chasse aux bouquetins: une étude prouve la durabilité de l’espèce

Le bouquetin alpin est l'une des espèces sauvages les mieux surveillées de la région alpine en Suisse. Aujourd'hui, l'animal est considéré l'emblème de la protection helvétique de la nature (archive). KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) Les chasseurs abattent plutôt les bouquetins aux cornes plus longues que la moyenne. Mais une étude internationale à laquelle a participé l’Institut fédéral de recherches WSL montre que les tirs de puissants boucs n’impactent pas les effectifs des colonies restantes.

En tant qu’espèce autrefois exterminée, le bouquetin alpin est l’une des espèces sauvages bien surveillées de la région alpine. Aujourd’hui, l’animal est considéré l’emblème de la protection suisse de la nature, indique lundi l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL).

La chasse du bouquetin est sous constante observation, car cette espèce se caractérise par une longue durée de vie et une faible fécondité. Une chasse incontrôlée pourrait donc avoir des répercussions négatives sur ses effectifs.

Carte de la sécurité jouée

Or une étude publiée dans le Journal of Animal Ecology montre que les bouquetins porteurs de cornes surdimensionnées sont probablement exposés plus tôt au risque d’être abattus que leurs congénères du même âge à cornes plus courtes. Dans cette étude, les cornes des mâles abattus à 13 ans et plus étaient jusqu’à 5 cm plus longues que ne l’étaient au même âge les cornes d’animaux abattus lorsqu’ils atteignirent un âge plus avancé.

Les directives imposent toutefois des limites aux chasseurs, car au sein d’une même classe d’âge couvrant plusieurs années, le nombre d’animaux que les chasseurs sont autorisés à tuer est soumis à un quota. Les chiffres prouvent que les chasseurs jouent la carte de la sécurité, selon l’étude. Dans une même classe d’âge, ils ont tendance à abattre de préférence les mâles aux cornes plus longues que la moyenne.

Dans le même temps, ils essaient de réduire le plus possible le risque d’infraction, dans la mesure où dans les classes d’âge inférieures et supérieures, ils abattent le moins possible d’animaux avec des longueurs de corne minimales ou maximales.

Cas des Grisons sous la loupe

Sous la direction du WSL et de l’Université de Cambridge, et en collaboration avec l’Office de la chasse et de la pêche des Grisons, l’équipe internationale de chercheurs a examiné la croissance des cornes des bouquetins abattus entre 1978 et 2013 dans le canton des Grisons.

Les chercheurs ont analysé les critères utilisés par les chasseurs pour sélectionner leurs proies et ont cherché à savoir si la croissance des cornes ou le poids corne des 8355 mâles abattus a changé au cours des 40 dernières années. Ces caractéristiques ont permis de tirer des conclusions sur les chances de survie des animaux et des colonies.

“Du point de vue technique, le résultat le plus important est l’absence d’impact négatif de la chasse au bouquetin sur la constitution des animaux au cours des 40 dernières années”, explique Kurt Bollmann de l’Institut fédéral de recherches WSL. Bien que les chasseurs privilégient les animaux puissants, la croissance des cornes des bouquetins des Grisons n’a pas diminué au cours des décennies et leur poids corporel moyen soit resté stable.

“Bonne nouvelle”

Ce résultat est une “bonne nouvelle” pour la chasse comme pour la protection de la nature: “Nous nous réjouissons que les connaissances recueillies sur le terrain aient été corroborées scientifiquement et que la chasse des bouquetins dans les Grisons puisse être qualifiée de durable”, ajoute Hannes Jenny de l’Office de la chasse et de la pêche des Grisons.

Les chasseurs et les autorités compétentes poursuivent des objectifs partiellement différents, rappelle le WSL. Alors que les chasseurs sélectionnent souvent leurs proies en fonction de l’âge et du sexe ou de la qualité de la viande et du trophée, les autorités cynégétiques souhaiteraient maintenir la taille de chaque population à un niveau qui garantisse la fonction de protection des forêts et qui ne se traduise pas par un taux excessif de mortalité en hiver.

Indépendamment de ces intérêts, du point de vue biologique, il est essentiel que la chasse n’ait pas de conséquences négatives à long terme sur les populations de gibier chassées, conclut le WSL.

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