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Clap final à Cannes au terme d’une édition sous le signe des femmes

Lourde tâche pour le jury du 71e Festival de Cannes (archives) KEYSTONE/EPA/SEBASTIEN NOGIER sda-ats

(Keystone-ATS) Le 71e Festival de Cannes va-t-il couronner une réalisatrice ? La question s’impose au terme d’une édition placée sous le signe des femmes et à quelques heures de l’annonce samedi soir du palmarès établi par Cate Blanchett et son jury.

L’heureux élu, ou heureuse élue, parmi les 21 films en compétition, pour la Palme d’or un an après “The Square” du Suédois Ruben Östlund, sera désigné lors de la cérémonie de clôture dès 19h15.

En attendant, les festivaliers auront tout le loisir de se livrer au petit jeu des pronostics. Les films du Sud-Coréen Lee Chang-dong (“Burning”), du Japonais Kore-Eda (“Une affaire de famille”) et de la Libanaise Nadine Labaki (“Capharnaüm”), une des trois femmes en compétition, ont été très bien accueillis. Mais difficile de dire quelle direction va prendre le jury après un Festival très politique où les femmes ont été visibles comme rarement.

Avec une image forte: cette montée des marches de 82 femmes du 7e art (en référence au nombre de films réalisés par des femmes sélectionnés dans l’histoire de Cannes) pour “l’égalité salariale”.

Sur les traces de Jane Campion

Depuis sa création, le Festival n’a décerné la Palme d’or qu’à une seule réalisatrice, la Néo-Zélandaise Jane Campion. C’était il y a 25 ans pour “La leçon de piano”.

“Il y a plusieurs femmes en compétition (mais) elles y sont pour la qualité de leur travail. Nous les évaluerons en tant que cinéastes”, avait affirmé Cate Blanchett au début du festival.

“Est-ce que j’aimerais voir davantage de femmes en compétition ? Tout à fait. Est-ce que cela va arriver prochainement ? Je l’espère”, avait ajouté l’actrice australienne.

“Ce qui me plaît le plus dans ce jury, c’est qu’il est engagé… Je pense donc que ça ne va pas être très compliqué de nous entendre sur cette Palme d’or”, avait de son côté estimé la chanteuse burundaise Khadja Nin. Elle fait partie du jury aux côtés des acteurs Chang Chen, Léa Seydoux et Kristen Stewart, et des réalisateurs Denis Villeneuve, Robert Guédiguian, Ava DuVernay et Andrei Zviaguintsev.

Décision à huis clos

Tous devaient se retrouver samedi matin, à huis clos et sans portable, dans une villa proche de Cannes, pour se mettre d’accord sur les sept prix à remettre.

La course reste très ouverte: Cannes a accueilli cette année le retour de Jean-Luc Godard et de Spike Lee en compétition, ainsi que la sélection de deux cinéastes interdits de voyager: le Russe Kirill Serebrennikov, qui a séduit la Croisette avec son film musical “Leto”, et l’Iranien Jafar Panahi pour “Trois visages”. L’image de leurs sièges vides lors des projections a marqué le Festival.

Parmi les nombreux films en provenance d’Asie, c’est le thriller “Burning” qui a le plus bluffé la critique. Un panel international de journalistes, interrogés par la revue Screen, le note 3,8 sur 4, un record.

Dans une veine plus intimiste, “Une affaire de famille” de Kore-Eda, habitué de la Croisette, a bouleversé les festivaliers par son histoire d’enfant maltraitée recueillie par une famille de marginaux.

Un thème en résonance avec le “Capharnaüm” de Nadine Labaki, choc des derniers jours. Dans ce film, un gamin des bidonvilles à Beyrouth attaque ses parents pour lui avoir donné la vie, faisant de ce film un tableau explosif des enfants laissés pour compte.

Retour en force du cinéma italien

L’Italie est aussi bien placée avec “Dogman” de Matteo Garrone, sur un toiletteur pour chiens incarné par Marcello Fonte – l’un des favoris pour le prix d’interprétation – et “Heureux comme Lazzaro”, fable empreinte de spiritualité d’Alice Rohrwacher co-produite par la télévision tessinoise RSI.

Présentés en début de festival, les films “Cold War” de Pawel Pawlikowski et “Les Eternels” de Zia Zhangke pourraient aussi figurer au palmarès, pour la prestation intense de leurs actrices respectives, Joanna Kulig et Zhao Tao.

Le Festival de Cannes se terminera par la projection de “L’homme qui tua Don Quichotte” de Terry Gilliam, longtemps considéré comme un film maudit.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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