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Commerce Suisse met en garde contre les conséquences d’un Brexit

En cas de Brexit, Commerce Suisse craint que les Britanniques ne tournent le dos à la livre anglaise et à l'euro pour se réfugier dans le franc (image prétexte). KEYSTONE/AP/FRANK AUGSTEIN sda-ats

(Keystone-ATS) Commerce Suisse craint les conséquences d’un Brexit pour l’économie helvétique. Si le Royaume-Uni venait à quitter le giron de l’Union européenne, le franc s’en retrouvera massivement renforcé, met en garde la fédération suisse des importateurs et du commerce de gros.

En cas de “oui” au Brexit lors du référendum du 23 juin, Commerce Suisse prédit le scénario du pire. Les représentants du secteur du commerce, premier employeur privé en Suisse, évoquent les répercussions “catastrophiques” prophétisées pour l’économie britannique et ses partenaires.

Selon une étude de la Fondation Bertelsmann, publiée fin avril, l’isolation de la Grande-Bretagne entraînerait un recul de son produit intérieur brut (PIB) estimé entre 0,6% et 3% à l’horizon 2030. Sans compter la perte des avantages commerciaux découlant des 38 accords qui la lient aux membres de l’Union européenne (UE).

Refuge dans le franc

Commerce Suisse s’inquiète des secousses pour le secteur financier britannique, avec à la clé une dégringolade des cours de la livre anglaise et de l’euro. “Les Britanniques pourraient tourner le dos à ces devises et chercher refuge dans le franc”, prédit mercredi Kaspar Engeli, directeur de la fédération, cité dans un communiqué.

La monnaie helvétique se renforcera, avec le résultat que l’on connaît pour les exportations suisses. Le lobby des importateurs et du commerce de gros entrevoit une onde de choc comparable à celle provoquée par l’abandon du taux plancher le 15 janvier 2015.

En cas de Brexit, M. Engeli évoque aussi une dépréciation des stocks. A court terme, il conseille d’ailleurs aux entreprises de réduire ces derniers, dans la mesure du possible, en attendant l’issue de la votation, et de vérifier les contrats de couverture des risques contre les aléas monétaires.

Directeurs financiers détendus

Un pessimisme que ne partagent pas les directeurs financiers interrogés par le cabinet d’audit et de conseil Deloitte. Dans un sondage publié mercredi, près de 4 répondants sur 5 sont d’avis que le Brexit n’aura aucune répercussion sur leur entreprise.

Certes la sortie du Royaume-Uni de l’UE toucherait la Suisse, mais indirectement, selon eux. Dans le détail, 17% des responsables anticipent un impact négatif sur leurs propres affaires. Un petit 3% y voit au contraire une opportunité.

Cinquième importateur

Côté relations commerciales, en 2015, la Suisse a exporté pour 11,7 milliards de francs de marchandises vers l’île d’Albion, ce qui fait de celle-ci le 5e importateur de produits helvétiques, rappelle Commerce Suisse. Dans l’autre sens, la Grande-Bretagne a livré des biens pour 6,6 milliards de francs (hors bijoux et métaux précieux).

Selon les chiffres de 2013, la Suisse constituait le 3e investisseur outre-Manche, avec un volume se montant à 78,7 milliards de francs (machines et bâtiments). En parallèle, les firmes britanniques avaient investi 21,3 milliards de francs en Suisse.

Les sociétés à pavillon britannique, parmi lesquels HSBC, Vodafone, BP ou Unilever, occupaient en outre sur le sol helvétique 26’800 employés. Les multinationales suisses employaient quant à elles 193’700 salariés au Royaume-Uni.

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