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Conseil fédéral: l’élection d’un UDC “sauvage” jugée peu probable

(Keystone-ATS) La “nuit des longs couteaux” et ses tractations approche. Et si mercredi, le Parlement élisait un candidat UDC “sauvage”, comme en 2007, s’interroge la presse. Peu probable, le contexte est différent, arguent un expert et un acteur de l’éviction de Christoph Blocher.

La “nuit des longs couteaux” rassemble la veille de l’élection les parlementaires et politiciens de tous bords ainsi que nombre de journalistes au bar de l’hôtel Bellevue à Berne. Selon la tradition, elle est censée être un moment décisif, où se trameraient les dernières tractations de l’élection à venir.

Pour les médias, ce moment préélectoral est à l’origine une façon de vendre au public des “campagnes un peu ennuyeuses, souvent courues d’avance”, indique à l’ats Pascal Sciarini, politologue à l’Université de Genève. “C’est aussi une occasion de faire mousser l’événement, d’y mettre un peu de piment et d’excitation.”

Circonstances particulières

En 2007, l’éviction de Christoph Blocher du Conseil fédéral en a toutefois surpris plus d’un. “Cette fois-là, la nuit des longs couteaux a justifié son appellation, il ne s’agissait pas d’une légende urbaine”, reconnaît-il.

Les circonstances étaient alors tout à fait particulières, explique Ueli Leuenberger, à l’époque président des Verts, et à ce titre témoin et acteur des événements. De nombreux parlementaires, de gauche mais aussi du PDC, ne voulaient plus de Christoph Blocher au Conseil fédéral.

Secret au bout de la nuit

Et de rappeler que cette année-là, les derniers contacts avec des parlementaires susceptibles de voter contre M. Blocher avaient effectivement été pris lors de cette “nuit des longs couteaux”.

L’opération a été un succès, aussi parce que “le secret a été bien gardé jusqu’au bout de la nuit.” Aujourd’hui, avec la généralisation des réseaux sociaux et leur usage parfois intempestif par des parlementaires et les médias, ce genre de “secret” devient plus difficile à maîtriser, estime le Genevois.

Election verrouillée

Cette année par contre, rien n’indique qu’il y ait au sein du Parlement, une vraie volonté de rejeter les trois candidats UDC, affirme Pascal Sciarini. Même si aucun d’entre eux n’est considéré comme idéal par les autres partis.

“L’UDC a appris la leçon et préparé le terrain en amont; elle a tenté de verrouiller cette élection”, argumente-t-il. Le parti conservateur a pris soin de présenter un ticket à trois candidats, issus de trois régions linguistiques.

De plus, la clause d’exclusion ajoutée dans les statuts du parti depuis l’élection d’Eveline Widmer-Schlumpf à la place de M. Blocher met une forte pression sur d’éventuelles candidatures sauvages.

Velléités

Il y a des velléités à gauche, et peut-être au centre, de répéter l’action “coup de poing” de 2007, admet le politologue. La clause d’exclusion est aussi vue par une partie des Chambres fédérales comme une provocation.

Mais au final, l’élection d’un des trois candidats officiels reste le scénario le plus probable. Cependant, “rien n’est jamais garanti jusqu’au dernier moment. On ne sait pas ce qui se passe dans la tête des 246 parlementaires”, conclut-il.

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