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Corruption: le président Temer se défend de protéger son entourage

Depuis qu'il a succédé à la présidente de gauche Dilma Rousseff, destituée en 2016 pour maquillage des comptes publics, Michel Temer a vu six de ses ministres contraints de démissionner face à des accusations de corruption. KEYSTONE/EPA EFE/JOEDSON ALVES sda-ats

(Keystone-ATS) Le président brésilien Michel Temer s’est défendu lundi de vouloir protéger des membres de son équipe. Certains d’entre eux sont menacés de poursuites judiciaires dans le cadre du scandale de corruption Petrobras.

“Tout ministre mis en examen sera provisoirement écarté”, a déclaré le chef de l’Etat à Brasilia. Il a également souligné qu’il se séparerait définitivement de tout membre du gouvernement renvoyé pour jugement devant la Cour Suprême.

“Le gouvernement ne veut protéger personne. Et ne le fera pas. Mais il ne peut pas accepter qu’une simple mention (de son nom dans une enquête, NDLR) serve à incriminer définitivement quelqu’un et, par conséquent, écarter un ministre”, a expliqué Michel Temer.

Le président brésilien suscite de vives critiques à la suite de nominations. Certaines sont considérées comme faisant partie d’une offensive pour étouffer le volet politique de l’enquête Petrobras et dérober des membres de son entourage à la justice ordinaire.

Partisans

Il a ainsi nommé au Tribunal Suprême fédéral (STF) l’un de ses plus fervents partisans, l’ex-ministre de la justice Alexandre de Moraes, en remplacement de Teori Zavaski, le juge rapporteur du volet politique de l’affaire Petrobras au sein de la haute juridiction. Ce dernier est mort le mois dernier lors d’un accident d’avion.

Michel Temer a également offert un poste avec rang de ministre à l’un de ses proches conseillers, Wellington Moreira Franco. L’homme est cité à de nombreuses reprises dans l’enquête Petrobras.

Cette mesure a été interprétée comme une manoeuvre pour protéger M. Moreira Franco de la justice ordinaire. Les ministres brésiliens ne pouvent répondre pénalement de leurs actes que devant la Cour suprême, beaucoup plus lente. Elle a donné lieu ces derniers jours à une intense bataille judiciaire qui devait être arbitrée lundi soir par la haute juridiction.

Depuis qu’il a succédé à la présidente de gauche Dilma Rousseff, destituée en 2016 pour maquillage des comptes publics, M. Temer a vu six de ses ministres contraints de démissionner face à des accusations de corruption.

Confessions explosives

La Cour Suprême doit prochainement décider si elle lèvera le secret d’instruction sur les confessions d’anciens cadres du géant du BTP Odebrecht.

Le contenu de ces confessions est considéré comme une vraie bombe à retardement, avec des révélations explosives sur le versement de pots-de-vin à des politiques de tous bords pour s’assurer de juteux contrats de sous-traitance avec la compagnie pétrolière d’Etat Petrobras.

D’après une de ces confessions qui a donné lieu à des fuites dans la presse, Michel Temer a demandé à Odebrecht des millions de dollars pour financer les campagnes de son parti, le PMDB (centre droit), en 2014, quand il était vice-président.

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