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Début du procès pour corruption à Séoul de l’ex-présidente Park

L'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a comparu mardi à Séoul à l'ouverture de son procès pour corruption. Elle a évité de croiser le regard de celle par qui le scandale est arrivé, sa confidente de l'ombre. KEYSTONE/AP Reuters POOL/KIM HONG-JI sda-ats

(Keystone-ATS) L’ex-présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a comparu mardi à Séoul à l’ouverture de son procès pour corruption dans la retentissante affaire qui a précipité sa destitution. Elle est apparue la mine sombre, sans maquillage et arborant son matricule de détenue.

L’ancienne présidente a évité de croiser le regard de celle par qui le scandale est arrivée, sa confidente de l’ombre et “amie de 40 ans” Choi Soon-Sil, également poursuivie. Le procès se déroule dans le tribunal du district central de Séoul et devrait durer des mois.

Ce procès, qui devrait durer des mois, constitue un nouvel acte d’une longue saga, commencée l’été dernier et ponctuée de manifestations monstres. Celles-ci ont précipité la descente aux enfers de cette fille de dictateur démocratiquement élue, avant d’être déchue par la plus haute juridiction du pays.

“Prévenue Park Geun-Hye, quel est votre profession?”, a demandé le président du tribunal, Kim Se-Yun. “Je n’ai pas de profession”, a-t-elle répondu.

Première apparition publique

Celle qui fut considérée pendant des décennies comme “la princesse” politique du pays et vivait il y a encore quelques mois à la “Maison bleue”, le siège de la présidence sud-coréenne, a été conduite menottée au tribunal. Elle a effectué le trajet depuis sa prison jusqu’au tribunal à bord d’un minibus de l’administration pénitentiaire, escortée d’au moins six gardiens.

Mme Park, 65 ans, a été destituée en décembre par le Parlement en raison de son implication dans le scandale de corruption qui tourne autour de l’énigmatique figure de Mme Choi. La Cour constitutionnelle a confirmé cette destitution en mars, ce qui a eu pour conséquence de lever son immunité.

C’était la première fois mardi que Mme Park apparaissait en public depuis son incarcération.

Aucune position officielle

Choi Soon-Sil n’occupait aucune position officielle dans l’administration. Mais elle est accusée d’avoir profité de ses relations avec l’ex-présidente pour contraindre en échange de faveurs politiques les grands conglomérats à verser près de 70 millions de dollars (67,4 millions de francs) à des fondations qu’elle contrôlait.

L’héritier de Samsung Lee Jae-Yong et le président de Lotte Shin Dong-Bin sont également poursuivis. Le procès pourrait permettre de mieux comprendre les relations entre Mme Park et ces grands groupes familiaux qui dominent la quatrième économie d’Asie.

Le ministère public a affirmé mardi devant le tribunal que Mmes Park et Choi s’étaient entendues pour recevoir l’an passé 7 milliards de wons (près de 6 millions de francs) de M. Shin l’année dernière.

Transition chez Samsung

Mme Park aurait par ailleurs déclaré en juillet 2015 à M. Lee qu’elle espérait que la délicate transition générationnelle à la tête de Samsung se “résolve en douceur sous son gouvernement”, en lui demandant en même temps de soutenir les fondations de Mme Choi, a affirmé le procureur Hwang Woong-Jae.

L’ex-présidente est aussi accusée d’avoir laissé Mme Choi, fille d’un leader religieux douteux, se mêler des affaires de l’Etat, qu’il s’agisse des nominations au sommet ou de la garde-robe présidentielle.

L’ex-présidente est jugée pour 18 chefs, y compris corruption, coercition et abus de pouvoir, et risque la prison à vie. D’une voix calme, elle a rejeté toutes les accusations. Mme Choi et M. Shin ont fait de même. L’avocat de Mme Choi dénonçant une affaire “politique”.

“Procès du siècle”

A l’issue de l’audience, Mme Park a été ramenée à sa prison.

Des centaines de personnes avaient fait le déplacement dans l’espoir d’obtenir lors du tirage au sort une place sur les bancs du public dans la salle d’audience.

Ce “procès du siècle”, selon l’expression du procureur spécial Park Young-Soo, intervient deux semaines après l’élection de l’ancien avocat de centre-gauche Moon Jae-In lors de la présidentielle anticipée.

Fille aînée du dictateur Park Chung-Hee, Mme Park a grandi dans le palais présidentiel où son père a régné en maître de 1961 jusqu’à son assassinat en 1979. Elle est la troisième ex-présidente jugée pour corruption après Chun Doo-Hwan et Roh Tae-Woo, condamnés dans les années 1990.

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