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Décès d’une femme par une bactérie résistante à 26 antibiotiques

Rare, la bactérie Klebsiella pneumoniae (bacille de Friedländer) appartient à la famille des carbapenem-resistant Enterobacteriaceae (CRE), résistantes à quasiment tous les antimicrobiens sur le marché (archives). Keystone/AP CDC/- sda-ats

(Keystone-ATS) Une femme est décédée aux Etats-Unis, infectée par une bactérie résistante à quasiment tous les antibiotiques existants, selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies. Ils craignent une propagation de ces agents pathogènes mutants.

Cette septuagénaire, résidente du Nevada, est morte en septembre à la suite d’un choc septique. Elle était infectée par la bactérie Klebsiella pneumoniae (bacille de Friedländer), isolée dans une blessure en août, ont précisé vendredi les CDC. Rare, cette bactérie appartient à la famille des carbapenem-resistant Enterobacteriaceae (CRE), résistantes à quasiment tous les antimicrobiens sur le marché.

Mais des tests ont montré qu’elle n’avait pas le gène mcr-1 qui accroît la résistance à la colistine, un ancien antibiotique seul capable de lutter contre les CRE. Le plus inquiétant avec les bactéries CRE dotées de ce gène, c’est leur capacité à transmettre aux autres bactéries leur super-résistance aux antibiotiques.

Première détection en 2016

Une telle super-bactérie avait été détectée pour la première fois aux Etats-Unis en mai 2016, chez une femme de 49 ans qui avait toutefois survécu, son infection ayant fini par réagir à un antimicrobien. Concernant la femme décédée qui avait été hospitalisée en août dans le Nevada, elle avait apparemment été infectée en Inde où elle avait été longuement traitée pour une fracture à la jambe.

Ce dernier cas mortel intensifie les craintes d’une perte d’efficacité des antibiotiques qui rendrait très dangereuses des infections aujourd’hui bénignes.

La bactérie Klebsiella pneumoniae “est considérée par quasiment toutes les instances sanitaires y compris l’Organisation mondiale de la santé (OMS), comme ‘une menace urgente pour la santé humaine'”, a noté dans un communiqué le professeur Nick Thomson, directeur du groupe de génomique bactérienne au Wellcome Trust Sanger Institute au Royaume-Uni, en réaction au cas signalé aux Etats-Unis.

“Immense danger”

Le taux de mortalité avec cette bactérie varie entre 40 à 50%. Cet expert relève que la grande fréquence des voyages internationaux et la mauvaise qualité des traitements dans certains pays ont facilité la diffusion de cet agent pathogène aux Etats-Unis.

L’OMS a averti que le phénomène de résistance aux antibiotiques représentait “un immense danger”. Si rien n’est fait, la planète se dirige vers une “ère post-antibiotique, dans laquelle les infections courantes pourront recommencer à tuer”, avertit l’agence de l’ONU.

En 2016, le gouvernement britannique estimait qu’en l’absence de mesures pour arrêter la résistance aux antibiotiques, 10 millions de personnes par an pourraient décéder d’infections par ces bactéries d’ici 2050, soit plus que les morts par cancer. Des prescriptions excessives et à mauvais escient d’antibiotiques et leur usage excessif dans l’élevage sont principalement responsables du phénomène de résistance microbienne.

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