Des perspectives suisses en 10 langues

Décès du sénateur américain John McCain à l’âge de 81 ans

Le sénateur John McCain avait annoncé vendredi qu'il avait décidé de mettre fin à son traitement contre son cancer incurable du cerveau (archives). KEYSTONE/AP/J. SCOTT APPLEWHITE sda-ats

(Keystone-ATS) Le sénateur républicain John McCain, grande figure de la politique américaine et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2008, est mort samedi à 81 ans dans sa maison en Arizona, ont annoncé ses services. Il souffrait d’un cancer incurable du cerveau.

John McCain était soigné depuis juillet 2017 pour un glioblastome, une forme de cancer très agressive avec un très faible taux de survie. Sa famille avait annoncé vendredi qu’il avait décidé de cesser tout traitement, face à l’avancée inexorable de la maladie. Le bureau de l’élu républicain a précisé qu’il était décédé samedi après-midi, entouré de son épouse, Cindy, et de sa famille.

Sa famille a fait savoir que ses funérailles auraient lieu à la cathédrale de Washington et qu’il serait inhumé à Annapolis, dans le Maryland. Les drapeaux flottant sur la Maison Blanche et le capitole ont été mis en berne.

Comme pour John F. Kennedy, Ronald Reagan ou Rosa Parks, son cercueil sera exposé dans la rotonde du Capitole à Washington, un honneur réservé à ceux qui ont marqué l’histoire des Etats-Unis. M. McCain siégeait depuis 35 ans au Sénat. Réputé pour son franc-parler, l’ancien prisonnier de guerre au Vietnam avait eu plusieurs fois maille à partir avec le président américain Donald Trump.

Patriote”, “héros”, “combattant”, “non conformiste”: les mots des hommages rendus par l’ensemble de la classe politique du pays avaient pour point commun la carrière de l’homme au service de la nation. Il fut pourtant longtemps critiqué au sein de son parti républicain et chez les démocrates pour nombre de ses positions, mais dont le dévouement patriotique était reconnu par tous.

Hommage d’Obama

“John et moi venions de générations différentes, avions des origines complètement différentes, et nous nous sommes affrontés au plus haut niveau de la politique”, a déclaré Barack Obama, qui l’a battu à l’élection présidentielle de 2008. “Mais nous partagions, malgré nos différences, une fidélité à quelque chose de plus élevé, les idéaux pour lesquels des générations entières d’Américains et d’immigrés se sont battus et se sont sacrifiés”.

Le chef de l’opposition démocrate du Sénat, Chuck Schumer, a proposé de renommer le bâtiment du Sénat où John McCain avait ses bureaux à son nom. L’ancien président George W. Bush a salué un “homme de profonde conviction et un patriote au plus haut degré”.

Un hommage, pourtant, manque à l’appel: celui du président actuel des Etats-Unis. Donald Trump a tweeté un bref message de condoléances à la famille McCain, mais sans évoquer le parcours de l’homme. “Mes condoléances et mon respect le plus sincère pour la famille du sénateur John McCain. Nos coeurs et nos prières sont avec vous!”, a-t-il écrit.

Mépris pour Trump

John McCain était soigné dans son Etat de l’Arizona, où ses amis et collègues défilaient depuis des mois pour faire leurs adieux, conscients que la fin était proche. Malgré son traitement puis son absence de Washington depuis décembre dernier, il était resté relativement actif politiquement.

L’été 2017, il avait défié le président Donald Trump, pour qui il n’a jamais caché son mépris, en votant contre sa réforme du système de santé. Il le critiquait ouvertement, le qualifiant de “mal informé” et d'”impulsif”.

Et dans des mémoires publiés en mai 2018, “The Restless Wave”, il dénonçait une nouvelle fois la sympathie apparente du président américain pour Vladimir Poutine, le président russe qu’a pourfendu John McCain au Sénat.

Prisonnier de guerre

John McCain, fils et petit-fils d’amiraux, a d’abord été pilote de chasse, engagé dans la guerre du Vietnam où il fut blessé et emprisonné pendant plus de cinq ans. Il fut torturé par ses geôliers, et deviendra au cours de sa carrière politique un farouche opposant à la torture, dénonçant la CIA pour ses pratiques d’interrogations “musclées” sous la présidence de George W. Bush.

Après son retour aux Etats-Unis à la fin de la guerre du Vietnam, il se fait élire à la chambre des représentants, puis est élu sénateur en 1986, un siège qu’il a conservé depuis, sa dernière réélection, en novembre 2016, ayant été la plus difficile, une partie de l’électorat conservateur ne lui ayant pas pardonné d’avoir critiqué Donald Trump.

Il avait porté les couleurs du parti républicain à l’élection présidentielle de 2008, perdant face au démocrate Barack Obama. Il était ensuite resté au Sénat, sa deuxième maison depuis plus de trente ans. Considéré comme un interventionniste, persuadé que l’Amérique devait défendre ses valeurs dans le monde entier, il avait été un des partisans les plus farouches de la guerre d’Irak, et continuait à promouvoir le rôle militaire américain à l’étranger.

D’autres causes ont animé sa carrière, notamment la réforme du système d’immigration, ou encore celle du financement électoral.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision