Des perspectives suisses en 10 langues

Découverte d’anticorps capables de neutraliser le virus Zika

Des moustiques analysés dans un laboratoire de Houston, aux Etats-Unis (archives) KEYSTONE/AP/JOHN MONE sda-ats

(Keystone-ATS) Des chercheurs européens ont annoncé jeudi avoir découvert de “puissants” anticorps capables de “neutraliser” le virus Zika. Cette découverte ouvre la voie à un vaccin contre ce virus à l’origine de lésions cérébrales chez le foetus.

Dans des travaux menés en laboratoire, les anticorps ont permis de “neutraliser” à la fois Zika et le virus voisin de la dengue. Ceci “pourrait aboutir au développement d’un vaccin universel” protégeant contre les deux maladies, ont indiqué les chercheurs dans la revue scientifique Nature.

Cette découverte coïncide avec une autre étude, également publiée jeudi, qui suggère que la récente explosion du virus Zika en Amérique latine pourrait avoir été favorisée par une exposition préalable à la dengue.

Les virus de la dengue et du Zika ont de nombreux points communs. Ils appartiennent tous les deux à la famille des flavivirus, des virus principalement transmis par des moustiques.

Découverte “inattendue”

Des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS et de l’Imperial College à Londres, qui s’étaient déjà intéressés aux anticorps capables de neutraliser la dengue, se sont aussi penchés sur le virus Zika. Ils ont sélectionné deux anticorps EDE capables de stopper la dengue et ont découvert que l’un d’entre eux était particulièrement efficace pour “neutraliser” le virus Zika.

Ils ont réussi à reconstituer l’endroit précis où celui-ci vient se fixer sur la protéine d’enveloppe du virus Zika et découvert que celui-ci était le même sur le virus de la dengue.

Cette découverte, a indiqué Félix Rey, responsable du laboratoire de virologie structurale à l’Institut Pasteur à Paris, qui a dirigé l’étude, était “totalement inattendue”. Selon Juthathip Mongkolsapaya, un autre chercheur, il s’agirait-là des “premiers anticorps très puissants” découverts contre le Zika.

Pas encore de vaccin

L’épidémie qui touche plusieurs pays d’Amérique du Sud, dont le Brésil, a fait apparaître des complications neurologiques et surtout de graves anomalies du développement cérébral (microcéphalies) des bébés nés de mères infectées qui ont conduit l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à déclarer une “urgence de santé publique de portée internationale” en février.

Il n’existe à ce jour aucun vaccin pour se protéger du Zika, contrairement à la dengue. Transmis comme dans le cas du Zika par des moustiques de type Aedes, la dengue est en pleine recrudescence à travers le monde. Elle sévit dans les régions tropicales et subtropicales de la planète où près de 400 millions de personnes sont infectées chaque année.

Une étude distincte publiée jeudi par la revue Nature Immunology estime pour sa part qu’une exposition préalable à la dengue pourrait amplifier l’infection par le virus Zika. Les symptômes incluent la fièvre, des céphalées intenses et des douleurs musculaires, articulaires et derrière les yeux.

Essai clinique

Des chercheurs, dont plusieurs ont participé à la première étude, ont découvert que la plupart des anticorps produits par les personnes infectées par la dengue facilitaient la réplication du virus Zika. C’est ce qui pourrait expliquer la virulence de l’épidémie de Zika en Amérique latine où de nombreuses personnes ont également été en contact avec la dengue.

“Les deux études se complètent, elles montrent qu’il est très important que le futur vaccin utilise le bon anticorps et cible le talon d’Achille du virus”, souligne M. Rey qui a participé aux deux études. Pour l’instant toutefois, “il nous reste tout à faire, notamment mettre en place un essai clinique, ce qui risque de prendre du temps”, reconnaît-il.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision