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Décès du grand spécialiste du Moyen Age Jacques Le Goff

(Keystone-ATS) L’historien français et spécialiste de renommée internationale du Moyen Age Jacques Le Goff est décédé mardi à Paris à l’âge de 90 ans, a annoncé sa famille au quotidien français Le Monde. Il était héritier de l’Ecole des Annales, qui bouleversa l’approche historique dans les années 1930.

Pendant sa longue carrière, Jacques Le Goff s’est consacré à l’anthropologie médiévale, dont il a modifié l’approche en abordant tous les aspects de la vie en société.

En 2004, il avait reçu le prix Dr A.H. Heineken d’histoire pour “avoir fondamentalement changé la perception du Moyen Age”.

Biographe de Saint-Louis et auteur de “La naissance du purgatoire”, il n’hésitait pas à quitter sa période de prédilection pour aborder l’actualité la plus chaude.

Successeur de Braudel

Né le 1er janvier 1924, ancien élève de la prestigieuse Ecole normale supérieure qui forme l’élite universitaire en France, il avait succédé en 1972 à Fernand Braudel, autre grand historien, à la tête de l’Ecole pratique des hautes études, un des creusets de la recherche en sciences sociales en Europe, devenue en 1975 l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Son premier livre, “Les intellectuels au Moyen Age” (1957), l’impose à 35 ans comme l’héritier de l’Ecole des Annales, qui bouleversa l’approche historique dans les années 1930. Il dirigera d’ailleurs à partir de 1967 la prestigieuse revue des “Annales”.

Dizaines de livres

Suivront des dizaines de livres parmi lesquels “Marchands et banquiers au Moyen Age” (1957), “L’imaginaire médiéval” (1985), une biographie de “Saint-Louis” (1995) et “L’Europe est-elle née au Moyen Age ?”. Une quarantaine d’ouvrages au total, parmi lesquels “La naissance du purgatoire” (1981) restait son préféré.

“Avant, il y avait l’enfer et le paradis. J’avais décelé un nouvel espace de l’au-delà”, confiait-il en 2008.

Père de “la Nouvelle histoire”

Son travail s’est accompagné en permanence d’une réflexion sur le métier d’historien. Dans les années 1970, il est l’un des pères du mouvement de “la Nouvelle histoire”.

Jeune chercheur, il avait vécu en direct à Prague la prise du pouvoir par les communistes en 1948. Lui-même se considérait comme un homme de gauche et militait pour une Europe unie, forte et tolérante. Parlant anglais, italien, polonais et allemand, il incarnait cette Europe du dialogue qu’il appelait de ses voeux.

Soucieux de toucher un plus large public, Jacques Le Goff a aussi animé à partir de 1966 “Les lundis de l’histoire” sur la radio France Culture.

Il avait également été conseiller scientifique sur le tournage du film “Le Nom de la rose”, adapté par Jean-Jacques Annaud du roman d’Umberto Eco.

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