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De nombreux lobbyistes ont perdu leur accès au Palais fédéral

(Keystone-ATS) Les nouveaux élus au Parlement n’apportent pas seulement un vent frais, mais aussi de nouveaux réseaux, et par là même des liens d’intérêts. Avec le retrait ou l’éviction d’un quart des parlementaires, des accès appréciés au Palais fédéral sont aussi perdus.

Les syndicalistes, représentants des employeurs, défenseurs des droits de l’homme ou de l’environnement, les lobbyistes des petits paysans, les détracteurs du nucléaire, les lobbies des cyclistes ou de l’économie perdent ainsi non seulement des représentants ou sympathisants au Parlement, mais aussi l’accès direct et apprécié à la salle des pas perdus.

Avec le retrait, au National, de Maria Bernasconi (PS/GE), Amnesty International perd son seul badge d’accès déclaré au Palais fédéral. Avec le départ volontaire de Hansjörg Hassler (PBD/GR), la Société suisse des entrepreneurs doit aussi abandonner son unique laisser-passer officiel.

La disparition de Thomas Maier (PVL/ZH), non réélu, fait perdre un de ses deux sésames à l’Association suisse des banquiers, et La Poste suisse doit même renoncer à ses deux cartes d’accès avec les retraits de Verena Diener (PVL/ZH) au Conseil des Etats et de Lucrezia Meier-Schatz (PDC/SG) au National.

Les “vestes” des conseillers nationaux Fathi Derder (PLR/VD), Christoph Mörgeli (UDC/ZH) et Daniel Stolz (PLR/BS) font perdre à la Fédération des entreprises suisses (economiesuisse) trois de ses six badges d’accès. L’organisation syndicale Travail.Suisse fait aussi les frais des retraits de Stéphane Rossini (PS/VS) et Ueli Leuenberger (Verts/GE), perdant ainsi deux de ses quatre sympathisants.

Les assureurs maladie et leur lobby

Dans le registre des liens d’intérêts déclarés par les parlementaires fédéraux, accessible au public, la caisse maladie Groupe Mutuel se fait remarquer avec son “Groupe de réflexion santé”. Actuellement, sept conseillers nationaux et trois conseillers aux Etats en sont membres.

Trois d’entre eux ont été éjectés du National: Roland Borer (UDC/SO), Thomas Maier (PVL/ZH) et Daniel Stolz (PLR/BS). Un autre membre de ce groupe, le sénateur Urs Schwaller (PDC/FR), ne s’est pas représenté aux élections.

Mais avec le conseiller aux Etats Roland Eberle (UDC/TG) comme vice-président, l’organe stratégique de réflexion du Groupe Mutuel conserve tout de même une importante courroie de transmission à Berne. La caisse CSS perd pour sa part une représentante au Palais fédéral avec la retraite de Mme Meier-Schatz.

La “chambre noire” des intergroupes parlementaires

Certains intergroupes parlementaires, qui réunissent des élus défendant un intérêt commun, ont aussi perdu des plumes. Le groupe Viticulture, qui a déjà subi le départ de Laurent Favre (PLR/NE) en 2014, se retrouve décimé avec en sus le retrait à la fin de la législature d’André Bugnon (UDC/VD) et l’éviction dimanche de Jean-René Germanier (PLR/VS). M. Favre était président du groupe, ses deux collègues vice-présidents.

L’intergroupe parlementaire Promotion de la paix, créé récemment, est amputé de deux membres avec la non réélection dimanche de Roland Fischer (PVL/LU) et d’Urs Schläfli (PDC/SO)

L’appartenance à un intergroupe parlementaire ne doit toutefois pas être obligatoirement déclarée, “quand bien même ces organes sont purement des groupes d’intérêts pilotés et financés en arrière-plan par des organisations de lobbying ou des associations sectorielles”, comme l’avait une fois écrit le magazine alémanique Beobachter.

L’association de soins à domicile Spitex subit aussi une saignée. Elle perd non seulement un badge d’accès aux pas perdus après le retrait de Rudolf Joder (UDC/BE), mais l’intergroupe Soins qu’elle dirige se retrouve aussi privé de la majorité de ses membres: la conseillère aux Etats Christine Egerszegi (PLR/AG) et le conseiller national Hansjörg Hassler, qui ne se représentaient pas, et la conseillère nationale Yvonne Gilli (Verts/SG), qui a été désavouée par les électeurs.

Ces lacunes seront partiellement comblées par les nouveaux élus. Et ceux-ci amènement aussi leurs propres réseaux à Berne.

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