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Dernière journée de réflexion en Catalogne

(Keystone-ATS) Les Catalans vivaient samedi une dernière journée de réflexion avant un scrutin régional crucial, centré sur l’indépendance. La campagne a vu les sécessionnistes gagner encore du terrain.

“Ces élections sont particulières. Elles ont suscité un intérêt et des attentes très importantes, en Catalogne comme dans le reste du monde”, a souligné samedi Meritxell Borras, chargée par l’exécutif catalan de l’organisation du scrutin.

Les Catalans semblent l’avoir compris, si l’on prend en compte les demandes de vote par correspondance “en hausse de 70% par rapport aux dernières élections de 2012”, selon Mme Borras. Cela veut dire “qu’il y aura plus de participation au processus électoral”, de la part des 5,5 millions de personnes appelées aux urnes dimanche.

Sous un ciel hésitant aussi entre soleil et nuages, les Barcelonais vaquaient samedi à leurs occupations, sans trop afficher leurs positions. “Je vais voter pour les indépendantistes, je pense que ce sont ceux qui portent le plus d’attention à la Catalogne”, disait une vendeuse de chaussures de 34 ans, tout en avouant avoir des doutes après une campagne intense de 15 jours où tous les dirigeants nationaux ont fait le déplacement.

En 2017

En théorie, il ne s’agit que de renouveler le parlement régional de ce territoire de 7,5 millions d’habitants, riche et stratégique, dirigé par une coalition nationaliste de centre-droit dont la figure de proue est Artur Mas, 59 ans, président sortant converti à l’indépendantisme.

En pratique, le camp séparatiste de M. Mas, furieux d’être privé d’un référendum d’autodétermination réclamé depuis trois ans, a réussi un coup de maître: faire de ce scrutin régional un vrai-faux référendum en centrant son programme uniquement sur la mise en route d’un processus de séparation. Objectif: l’indépendance en 2017 au plus tard.

L’enjeu est lourd: si la Catalogne divorce, l’Espagne est amputée de sa région la plus industrialisée, de 16% de sa population, de 25% des exportations, 19% du PIB, et de 826 km de côtes sur la Méditerranée.

Or, la coalition sécessionniste “Junts pel si” – rassemblant le mouvement conservateur CDC de M. Mas, la gauche républicaine indépendantiste (ERC) et des associations – considère qu’une majorité absolue en faveur d’une séparation au Parlement sera suffisante, même sans majorité en nombre de voix. Pour cela, elle devra compter sur le soutien de la seconde liste indépendantiste, celle de la CUP (Candidature d’unité populaire, extrême gauche), qui semble prête à la soutenir à certaines conditions.

Rajoy dans l’arène

“Les perspectives sont très bonnes”, a déclaré samedi Alfred Bosch, un des dirigeants d’ERC, élu municipal à Barcelone. “C’est très prometteur. Beaucoup de gens sont (déjà) en train de voter et je n’ai jamais vu une campagne avec autant de ferveur populaire”. “Nous avons fait une campagne très positive, enthousiaste”, a-t-il ajouté.

Les sondages circulant depuis trois jours dans les états-majors de campagne, y compris à droite, semblent le confirmer, selon deux instituts consultés par l’AFP. Les indépendantistes profitent de l’éparpillement des voix du “non” à l’indépendance, distribuées entre Ciudadanos, (centre-droit), principal parti catalan opposé à la sécession, une coalition intégrant Podemos (extrême gauche), les socialistes et le Parti populaire du président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy.

Ce dernier a d’ailleurs mené une campagne presque schizophrénique. En se déplaçant cinq fois en Catalogne en deux semaines et en multipliant les interventions pour prévenir les habitants des risques d’une sécession, il a reconnu l’importance du scrutin. Mais il a aussi systématiquement nié que la Catalogne puisse un jour être indépendante, montrant les difficultés stratégiques de son camp.

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