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Dernier sursis pour l’ex-chef du service valaisan de l’enseignement

Oskar Freysinger, chef du département valaisan de la formation et de la sécurité (à gauche), Esther Waeber-Kalbermatten, présidente du gouvernement et Philipp Spörri chancelier d'Etat et président du groupe de travail ont présenté jeudi le rapport devant les médias. KEYSTONE/OLIVIER MAIRE sda-ats

(Keystone-ATS) Comportements inadéquats et problématiques, dysfonctionnements au sein du service de l’enseignement: le gouvernement valaisan a livré jeudi un rapport sur Jean-Marie Cleusix. Il estime que son déclassement au poste d’enseignant constitue une sanction suffisante.

Le Conseil d’Etat valaisan a chargé un groupe de travail interdépartemental d’établir un rapport après la démission de Jean-Marie Cleusix de son poste de chef du service de l’enseignement, en juillet dernier. Il a décidé d’en suivre les conclusions et les recommandations, a indiqué la présidente de gouvernement Esther Waeber-Kalbermatten, devant la presse réunie à Sion.

Les témoignages recueillis au sein du service de l’enseignement sont éloquents. “Certaines personnes étaient proches des larmes quand elles ont parlé devant nous. Il y avait une peur dans ce service qui a été levée avec le départ de Jean-Marie Cleusix”, a confié Philipp Spörri, chancelier de l’Etat du valais et président du groupe de travail.

Communication militaire

Les collaborateurs décrivent un homme à la communication “militaire ou très autoritaire” et “dénuée de tact”. Son ton “abrupt, exagérément cassant, voire blessant”, parfois même qualifié de “brutal”, heurtait ses interlocuteurs.

Jean-Marie Cleusix confondait autorité avec pouvoir, il avait une tendance à exagérer certains propos, voire à affabuler, selon ses anciens collègues. Il réprimandait, mettait à l’écart, humiliait certaines personnes et privilégiait fortement une collaboratrice en particulier.

Des informations laissent penser que l’ancien chef de service aurait mélangé intérêts personnels et professionnels: il aurait demandé à son secrétariat de vérifier les contacts téléphoniques de cette collaboratrice et aurait procédé à une fouille nocturne de son bureau afin d’y trouver des éléments personnels.

“Il est possible que les départs de certains collaborateurs du service, motivés officiellement par un âge proche de la retraite ou par l’opportunité d’un nouveau défi professionnel, s’expliquent également, du moins en partie, par l’attitude de Jean-Marie Cleusix”, note le rapport.

Licenciement immédiat

Les conflits ont débuté rapidement après l’entrée en fonction de M. Cleusix au poste de chef de service, le 1er janvier 2014. Ils se sont aggravés à partir du printemps 2016.

Le rapport indique que “l’état général de Jean-Marie Cleusix a dès lors parfois été qualifié d’inquiétant, de même que sa lucidité face aux décisions qu’il prenait, considérées à plusieurs reprises comme absurdes, y compris par le chef du département Oskar Freysinger”.

Le 27 juillet dernier, Jean-Marie Cleusix a démissionné. Suite à un accord, il a été nommé professeur au collège de St-Maurice, provoquant la réticence du corps professoral et l’opposition de quelque 400 étudiants via une pétition.

En cas de problème de comportement dans sa nouvelle activité, il sera procédé à son licenciement immédiat, a assuré Oskar Freysinger, qui recevra chaque année un rapport sur le comportement de Jean-Marie Cleusix dans sa nouvelle activité. Conformément aux recommandations du groupe de travail, le conseil d’Etat estime que transfert de l’ancien chef de service vers une fonction et un salaire inférieurs constituent une sanction suffisante.

Nouveau chef attendu

Malgré la situation, “le service de l’enseignement a fonctionné globalement à satisfaction. Sa gestion financière a été assurée, de même que ses missions et prestations, à l’exception de retards et de dysfonctionnements dans la gestion du secondaire II”, précise encore le rapport.

Le poste de chef du service de l’enseignement a été mis au concours. “Le candidatures sont rentrées et les entretiens sont programmés”, a précisé Oskar Freysinger.

Enquête de la Cogest

Jean-Marie Cleusix a quitté sa fonction de chef du service valaisan de l’enseignement officiellement pour des raisons de santé. Sa démission a entraîné une enquête du Conseil d’Etat, mais aussi de la commission de gestion du Grand Conseil (Cogest) qui doit encore rendre ses conclusions.

En 2015, le Conseil d’Etat avait infligé un blâme écrit à Jean-Marie Cleusix pour avoir violé les devoirs de loyauté et de fidélité ainsi que l’obligation de réserve dans le cadre de ses démêlés fiscaux avec la commune de Leytron (VS).

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