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Des centaines d’exécutions sommaires commises en Côte d’Ivoire

(Keystone-ATS) Les deux tiers des personnes tuées pendant la guerre civile de l’an dernier en Côte d’Ivoire ont été sommairement exécutées. Nombre d’entre elles ont été tuées par des partisans de l’actuel président Alassane Ouattara, selon un rapport d’enquête officiel.

S’appuyant sur quelque 16’000 entretiens, la commission nationale d’enquête (CNE) a étudié les violences commises entre octobre 2010 et mai 2011 et recensé meurtres, viols, tortures, disparitions forcées et attaques contre les populations civiles. Ses travaux pourraient ouvrir la voie à des poursuites contre les protagonistes des deux camps dans ce conflit qui a fait plus de 3000 morts.

“La CNE note que, parmi les 3248 victimes enregistrées, figurent 2241 cas d’individus sommairement exécutés pour d’apparentes raisons politiques et/ou ethniques”, peut-on lire dans le rapport, qui n’a pas été rendu public officiellement, mais que Reuters a pu consulter vendredi.

Un millier d’exécutions sommaires

Dans son rapport, la CNE estime que 1009 exécutions sommaires ont été commises par les forces fidèles à l’ancien président Laurent Gbagbo – armée, milices financées par l’ex-président, mercenaires libériens – et 545 par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) favorables à son rival Alassane Ouattara.

Environ 200 autres personnes ont été exécutées par des chasseurs traditionnels dozos, qui ont très majoritairement soutenu M. Ouattara et combattu au côté des FRCI. Le reste des exécutions est attribué à des combattants sans affiliation déterminée ou à des groupes locaux d’autodéfense.

“Justice des vainqueurs”?

Selon la CNE, les deux camps ont commis des actes qui constituent probablement des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Même si ses conclusions n’ont pas la valeur d’une enquête judiciaire formelle, elle appelle à “l’ouverture de poursuites contre les auteurs présumés de violations sans égard pour leur statut social”.

Devenu chef de l’Etat, M. Ouattara a été accusé par des groupes de défense des droits de l’homme d’avoir appliqué une “justice des vainqueurs” en arrêtant une centaine de partisans de M. Gbagbo sans agir contre les partisans de son propre camp également soupçonnés de crimes graves.

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