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Des germes multirésistants à la hausse en Suisse

Comme les germes sont de plus en plus résistants dans les hôpitaux suisses, de nouvelles mesures d'hygiène sont nécessaires (photo prétexte). Keystone/ALESSANDRO DELLA VALLE sda-ats

(Keystone-ATS) Les germes multirésistants sont en progression dans les hôpitaux suisses depuis le début de l’année. Un premier pic a eu lieu à l’Hôpital de l’Île à Berne. D’autres cas sont connus dans le reste du canton de Berne, mais aussi en Valais.

Ces bactéries multirésistantes sont des entérocoques. La souche émergée est résistante à la vancomycine conventionnelle et à d’autres antibiotiques du groupe des glycopeptides. Les bactéries sont donc appelées entérocoques résistants à la vancomycine (ERV).

L’ERV est identique à la souche bactérienne qui a provoqué des infections dans des hôpitaux en Australie et en Nouvelle-Zélande au cours des cinq à six dernières années, comme l’a indiqué l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) dans un courrier envoyé aux médecins cantonaux et autres organisations concernées.

On peut donc logiquement en conclure que les ERV ont été introduits en Suisse par des personnes venant de ces régions ou y ayant voyagé. Selon la lettre en main de Keystone-ATS, plus de 150 patients en Suisse sont infectés par les ERV, et 90% d’entre eux avaient la bactérie sans présenter de symptôme. Une infection s’est développée dans peu de cas seulement, qui ont pu être traités avec l’antibiotique daptomycine.

Une étude menée à l’échelle nationale par Swissnoso, le centre national de prévention des infections nosocomiales, a montré au printemps 2018 que davantage d’infections ERV sont attendues dans toute la Suisse.

Une recrudescence de ce type d’infections a été observée au début de l’année à l’Hôpital de l’Île à Berne, puis dans deux autres hôpitaux du même groupe, ainsi que dans d’autres cantons. Le suivi national de la résistance aux antibiotiques a aussi confirmé la tendance à la hausse.

Personnes touchées à l’isolement

Swissnoso et l’OFSP travaillent à une réponse coordonnée contre cette propagation, a déclaré Daniel Dauwalder, porte-parole de l’OFSP à Keystone-ATS.

Jusqu’à nouvel ordre, les patients qui ont été exposés aux ERV sont testés avant d’être transférés dans un autre hôpital. Si le test n’est pas terminé au moment de l’arrivée dans le nouvel établissement, celui-ci doit être averti.

Les porteurs de l’ERV doivent être isolés. Le personnel infirmier doit prendre des mesures d’hygiène accrues, en changeant de blouse quand ils quittent la chambre par exemple.

A l’hôpital , les experts en prévention recommandent également le respect des règles d’hygiène, l’amélioration de la désinfection de l’environnement du malade et l’information des personnes concernées.

Toute personne ayant été en contact avec un patient ERV doit être testée et aussi isolée que possible. Pour s’assurer d’une non-contamination, trois tests doivent se révéler négatifs à une semaine d’intervalle chaque fois.

L’ERV peut entraîner des infections, en particulier chez les patients immunodéprimés. Celles-ci peuvent avoir des conséquences graves, avec une forme d’empoisonnement du sang par exemple. La thérapie est sévèrement limitée en raison des multiples résistances. Ce qui fait de l’ERV un problème redouté.

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