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Des glaces au vin “made in Valais” tentent de rafraîchir le marché

Les amateurs d'alcools valaisans et de glaces peuvent se réjouir: ils ont les deux en un grâce à une production locale. KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Glaces au fendant, à la syrah, à la williamine et à l’abricotine: trois Valaisans tentent de grignoter une part du marché avec leurs produits inédits en Suisse. Pas de remous du côté de la prévention des addictions.

L’idée a germé en 2012. Le Valaisan Pierre Carroz participe à une opération marketing et devient durant deux semaines un Esquimau dans un igloo sur un domaine skiable. Là, il s’imagine déguster une glace au… fendant.

“Au début, on a essayé de les fabriquer nous-mêmes, entre carnotzet et cuisine”, se souvient Mathieu Rittiner, associé à l’aventure. En 2013, les deux partenaires écoulent un millier de glaces au fendant lors d’un festival à Sierre et provoquent “un véritable buzz sur les réseaux sociaux”.

Thème de Bachelor

Mais le produit n’est pas encore à la hauteur. Le format “fusée” n’est pas adapté et la glace a tendance à couler sur les doigts des dégustateurs. “En 2014, nous avons décidé de faire une pause et de travailler de manière plus professionnelle.”

Les associés collaborent alors avec deux étudiants en Bachelor de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires à Zollikofen (BE). Leur défi: congeler de l’alcool et concocter une recette et une texture convaincantes en bouche.

La fusée devient calippo et la gamme s’élargit avec des glaces à la williamine et à l’abricotine. Les partenaires se félicitent de n’utiliser que des produits valaisans.

Objectif “100’000”

En janvier 2015, un troisième associé rejoint le duo et la société anonyme Iscream est créée. La même année, 15’000 glaces sont écoulées. “En 2016, notre objectif est d’en écouler 100’000”, précise Mathieu Rittiner, convaincu de pouvoir surfer sur la vague “trendy” des cocktails givrés.

Mais grignoter une miette du marché des glaces – où sont présents des mastodontes comme Nestlé et Unilever – constitue un défi. Même avec des produits sans équivalents chez la concurrence.

Manor renonce, Coop teste

En 2015, Manor propose des glaces au fendant et à la syrah dans ses magasins valaisans. “Les ventes n’étant pas au rendez-vous, nous avons décidé de ne plus les proposer dans nos filiales”, indique Elle Steinbrecher. Sans entrer dans les détails, la porte-parole de l’enseigne souligne que “le succès dépend des préférences des consommateurs”.

Coop tente l’aventure cette année avec les glaces à la williamine et à l’abricotine: “dès la mi-août, nous les proposerons durant une courte période dans certaines de nos succursales valaisannes”, précise Nadja Ruch, porte-parole du distributeur.

Iscream vise aussi les kiosques, campings, établissements publics, épiceries et autres festivals en Valais, soit une quarantaine de points de vente. Certains d’entre eux se situent même hors du canton. Après un démarrage poussif en mai dernier, en raison de la météo, “nous en avons écoulé 40’000 environ jusqu’à aujourd’hui”, souligne Mathieu Rittiner.

Eduquer aux risques

Les glaces sont réglementées par la législation. Avec 6,5% de volume d’alcool, celles au vin d’un déci – correspondant à une demi-bière environ – est interdite aux jeunes de moins de 16 ans. Les glaces aux eaux-de-vie sont proscrites aux mineurs.

Addiction Valais ne s’alarme pas de ces glaces alcoolisées, dont le marché est jugé confidentiel. De plus, “ce n’est pas l’alcool qui fait l’alcoolique, c’est bien plus complexe que cela”, relève Philippe Vouillamoz, responsable du secteur ambulatoire aide et prévention.

La prévention mise notamment sur l’éducation aux choix et la gestion des risques. Dans cette optique, “notre souci est de ne pas banaliser des produits ‘fun’ qui contiennent de l’alcool et qui, en tant que tels, ne sont pas tout à fait des produits comme les autres”, note Philippe Vouillamoz.

La glace n’est pas le vin

Paul Vetter, journaliste et auteur du blog “Valais du vin” salue le fait que les glaces portent les noms fendant et syrah auprès du public. Il relève aussi l’originalité du produit.

Mais pour les amateurs de crus, la comparaison s’arrête là: “pour déguster du vin, il faut en boire”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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