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Des groupes de citoyens veulent que le peuple puisse se prononcer

"Citoyens responsables, prenez votre futur en main", a lancé Willi Vollenweider. KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) Le peuple doit pouvoir se prononcer sur la loi de mise en oeuvre de l’initiative contre l’immigration de masse. Quatre comités de citoyens ont lancé mardi la campagne référendaire. La plupart ne se soucie pas de l’immigration, mais du respect de la démocratie.

“Ce n’est pas un référendum contre la loi de mise en oeuvre de l’initiative, c’est un référendum pour que le peuple puisse s’exprimer sur cette loi”, a déclaré le politologue tessinois Nenad Stojanovic devant les médias mardi à Berne. C’est lui qui a initié le référendum le 28 décembre dernier par le biais d’une annonce sur les réseaux sociaux.

Les comités référendaires sont unanimes pour dire que le texte adopté par le Parlement n’est pas compatible avec le texte de l’initiative de l’UDC. Pour M. Stojanovic, il est “extrêmement problématique, dans un système de démocratie directe, qu’à la fin les citoyens ne puissent pas se prononcer sur la solution ‘light'”.

Les partis populistes auront dès lors tout le loisir de reprocher à la classe politique d’avoir trahi la patrie, ajoute-t-il. Un vote permettra aussi de clarifier les relations de la Suisse avec l’UE qui se trouvent dans l’impasse depuis l’adoption de l’initiative contre l’immigration de masse le 9 février 2014.

Les trois autres comités, également présents devant la presse aux côtés du Tessinois, émanent eux aussi de citoyens. “Non à la violation de la Constitution” est représenté par Sandra Bieri, étudiante zougoise de 29 ans. Willi Vollenweider, président du groupe Giardino pour une armée forte et ancien UDC, a créé “Mouvement citoyen” tandis qu’Ingrid Sigg, retraitée, a lancé un groupe Facebook qui défend les droits des citoyens en Suisse.

Démocratie en péril

D’un point de vue démocratique, tous se disent hautement préoccupés par le fait qu’aucun parti n’ait saisi le référendum et ne s’engage pour que le peuple puisse s’exprimer sur une loi qui ne respecte pas le mandat populaire.

Pour Sandra Bieri, il s’agit d’un comportement de l’establishment qui met en péril le système de démocratie directe. L’étudiante a appelé “tous les vrais démocrates du pays” à signer le référendum afin de signifier clairement à l’establishment qu’on ne peut pas passer outre la volonté populaire.

“Citoyens responsables, prenez vous-mêmes votre futur en main”, a renchéri Willi Vollenweider, sans parti et membre du Grand Conseil zougois.

M. Stojanovic dira “oui”

Les comités référendaires n’ont toutefois pas les mêmes intentions de vote. Interrogé par un journaliste en conférence de presse mardi, Nenad Stojanovic a répondu qu’il voterait “oui” au cas où le référendum aboutirait. Cela ne devrait pas être le cas des mouvements citoyens de M. Vollenweider et d’Ingrid Sigg, qui défendent des idées conservatrices.

Le référendum est d’ailleurs soutenu par les Démocrates suisses, mais l’UDC s’en est distancé.

Le délai pour récolter les 50’000 signatures nécessaires court jusqu’au 7 avril. Le peuple pourrait alors voter le 24 septembre. Mais il reste encore à l’agenda politique l’initiative RASA qui veut biffer l’article constitutionnel sur l’immigration, à laquelle le Conseil fédéral veut opposer un contre-projet direct.

Défavorable au référendum initié par Nenad Stojanovic, l’ASIN (l’Action pour une Suisse indépendante et neutre) envisage de lancer une initiative pour une résiliation de l’accord sur la libre circulation des personnes avec l’UE.

Modèle par pallier

Le 16 décembre, le Parlement a entériné la mise en oeuvre de l’initiative de l’UDC contre l’immigration de masse. Dans le modèle par pallier retenu, le Conseil fédéral doit d’abord prendre des mesures pour épuiser le potentiel de main-d’oeuvre indigène. Les patrons ne seront bridés que pour les groupes de profession, domaines d’activité ou régions économiques qui enregistrent un chômage supérieur à la moyenne.

Sous peine d’une amende pouvant atteindre 40’000 francs, les employeurs devront annoncer leurs postes vacants aux services publics de l’emploi et convoquer à un entretien ou un test d’aptitude les candidats sélectionnés par le service. Mais pas besoin de justifier un éventuel refus.

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