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Des ministres français et allemand dans l’est de l’Ukraine

Public Eye demande aux gouvernements occidentaux d'interdire l'exportation de carburants trop dangereux pour la santé (archives). KEYSTONE/EPA/LEGNAN KOULA sda-ats

(Keystone-ATS) Les ministres français et allemand des Affaires étrangères se sont rendus jeudi dans l’Est de l’Ukraine en compagnie de leur homologue ukrainien. Il s’agit d’une première depuis le début du conflit qui a fait plus de 9500 morts depuis son déclenchement en avril 2014.

Un nouveau cessez-le-feu est entré en vigueur mercredi à minuit. Il “nous fournit l’opportunité de travailler sur les autres questions (politiques) qui sont si importantes. Il n’y a pas eu de progrès pendant six mois et la situation sécuritaire s’est dégradée”, a déclaré Frank-Walter Steinmeier.

Le chef de la diplomatie allemande s’est adressé aux journalistes à l’ombre d’un pont de la ville de Sloviansk. Cet ouvrage avait été détruit en mai 2014 par les bombardements des séparatistes prorusses et le gouvernement ukrainien en a entrepris la reconstruction.

Frank-Walter Steinmeier et son homologue français Jean-marc Ayrault ont estimé mercredi à Kiev que l’accord de cessez-le-feu constituait une “lueur d’espoir” pour l’Ukraine.

Zone démilitarisée

Les observateurs de l’OSCE, qui supervisent la trêve, ont signalé une seule violation depuis son entrée en vigueur mercredi à minuit. Les belligérants se sont mutuellement accusés pour leur part de ne pas la respecter.

“Nous suggérons qu’une expérimentation soit faite d’une zone totalement démilitarisée, acceptée par toutes les parties, où le cessez-le-feu se produirait avec le départ de toutes les armes et personnes armées. Ce serait une première étape”, a commenté Jean-Marc Ayrault.

Sommet à quatre

La visite des deux ministres européens vise à relancer la dynamique des accords de paix de Minsk, dont la mise en oeuvre “avance à pas d’escargot”, a déploré mercredi le chef de la diplomatie allemande.

“Avec mon collègue, nous cherchons à créer les conditions pour organiser un sommet avec le président Hollande, la chancelière Merkel et les présidents Porochenko et Poutine”, a déclaré M. Ayrault. “Nous sommes très impliqués” pour faire de nouveaux “pas vers la paix”, a-t-il ajouté.

Interrogé sur la visite des ministres européens dans l’est de l’Ukraine, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que celle-ci ne pouvait qu’être saluée “si elle contribue au respect par l’Ukraine de ses engagements”.

“Ne répétez pas Munich”

Un peu plus tôt, les deux ministres avaient été accueillis à Kramatorsk par une quarantaine de manifestants opposés à l’idée d’accorder un statut d’autonomie aux régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk.

“Ne répétez pas Munich 1938”, symbole historique de la capitulation diplomatique des démocraties européennes face à l’Allemagne nazie, “Nous disons non au statut spécial pour le Donbass”, “Nous sommes l’Ukraine”, proclamaient les banderoles brandies par les manifestants.

Autonomie renforcée

L’Ukraine est en proie depuis plus de deux ans à un conflit opposant ses soldats à des séparatistes prorusses qui sont, selon Kiev et les Occidentaux, soutenus militairement par la Russie, ce que Moscou dément.

Des accords de paix, signés à Minsk en février 2015, prévoient une série de mesures politiques et économiques pour mettre fin au conflit. L’ensemble de ces mesures, notamment des élections dans les zones séparatistes, n’a cependant pas encore été mis en place, Ukrainiens et Russes s’en rejetant la responsabilité.

Les Ukrainiens doivent notamment modifier leur Constitution pour donner davantage d’autonomie aux régions rebelles et organiser ces élections. Ces mesures provoquent de vifs débats à Kiev où elles sont considérées comme un moyen de légaliser de facto le séparatisme et de déstabiliser le reste de l’Ukraine.

Les Occidentaux considèrent les élections comme un moyen de réintégration politique des territoires séparatistes.

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