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Destruction du temple de Bêl: “un crime intolérable” selon l’Unesco

(Keystone-ATS) La destruction par Daech du temple de Bêl à Palmyre en Syrie “constitue un crime intolérable contre la civilisation”, a déclaré mardi la directrice générale de l’Unesco Irina Bokova. Elle assure toutefois que “ce crime n’effacera jamais 4500 ans d’histoire”.

“Il est fondamental d’expliquer l’histoire et la signification des temples de Palmyre. Quiconque a vu Palmyre garde à jamais le souvenir d’une ville qui porte en elle la dignité de tout le peuple syrien, et qui incarne les plus hautes aspirations de l’humanité”, ajoute-t-elle. “Chacune de ces attaques nous appelle à partager encore davantage le patrimoine de l’humanité, dans les musées, dans les écoles, dans les médias, à la maison”.

“Face à ce nouveau crime de guerre, l’Unesco réaffirme sa détermination à poursuivre la protection de ce qui peut être sauvé, par une lutte sans merci contre le trafic illicite des objets culturels, par la documentation et la mise en réseau des milliers d’experts, en Syrie et dans le monde, qui s’emploient à favoriser la transmission de ce patrimoine aux générations futures, y compris par les moyens technologiques modernes”, poursuit Mme Bokova.

“Ils ont tué Palmyre”

Commentant mardi la diffusion de photos satellitaires de l’ONU qui confirment la destruction du plus grand temple du site antique, le directeur des Antiquités de Syrie, Maamoun Abdelkarim, a affirmé qu’il “s’agissait du plus beau symbole de toute la Syrie. Et nous l’avons perdu à tout jamais. Ils ont tué Palmyre”.

Il s’agit du deuxième acte de destruction perpétré en une semaine par l’organisation criminelle sur le site antique.

Quelques colonnes

L’institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR) a comparé des images de satellite avant et après l’explosion. Sur un cliché du 27 août, on voit clairement le temple, une structure rectangulaire entourée de colonnes, dont l’érection s’est achevée au second siècle. Sur un autre cliché pris lundi, seules quelques colonnes situées à l’extrémité du site sont visibles.

Dans Palmyre, surnommée la “perle du désert”, le temple de Bêl était incontestablement le plus impressionnant des bâtiments. Il a fallu plus d’un siècle pour le construire puisque son érection commence en 32 et se termine au second siècle.

Après le temple de Baalshamin

Le 23 août, l’EI a totalement détruit à l’explosif le temple de Baalshamin, abattant la cella, tandis que les colonnes autour s’étaient effondrées. Cette destruction, confirmée vendredi par l’UNITAR, a été qualifiée de “crime de guerre” par l’UNESCO.

Une semaine avant la destruction de ce temple, l’EI avait décapité l’ancien chef des antiquités de Palmyre, Khaled al-Assaad, 82 ans. L’EI considère les oeuvres religieuses préislamiques, notamment les statues, comme de l’idolâtrie. Il a déjà détruit plusieurs joyaux archéologiques en Irak.

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