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Didier Burkhalter esquisse les futurs défis de son successeur

Le chef de la diplomatie, qui prononçait au Stade de Suisse probablement son dernier discours, a filé la métaphore footballistique tout au long de l'allocution. KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Didier Burkhalter a ouvert lundi la conférence des ambassadeurs. Dans la perspective de son prochain départ du Conseil fédéral, il a relevé “la continuité” qui caractérise la politique étrangère helvétique, pour laquelle il a évoqué quatre axes de développement.

Le chef de la diplomatie, qui prononçait au Stade de Suisse probablement son dernier discours à la tête du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), a filé la métaphore footballistique tout au long de l’allocution, selon sa version écrite parvenue à l’ats.

Saluant le rôle “central” des ambassadeurs, Didier Burkhalter les a aussi remerciés de “faire preuve de cette qualité, parfois trop rare à mon goût, qui fait préférer la construction au conflit”.

Relations avec l’UE

Sur le contenu de la politique étrangère suisse, il a évoqué quatre axes de développement. L’aménagement des relations avec l’UE en constitue la tâche principale.

Seule une voie bilatérale “consolidée et renouvelée nous ouvre l’accès au marché unique important pour notre bien-être tout en permettant à la Suisse de conserver son indépendance”, a-t-il déclaré à cet égard. Un résultat satisfaisant pour les deux partenaires est possible, croit-il.

L’extension des relations à l’échelle mondiale, deuxième axe, s’est poursuivie ces 25 dernières années, entre autres avec la Chine. Ou la Russie, sans laquelle de nombreux conflits n’auront pas de solution, constate le chef de la diplomatie, qui a qualifié Moscou de “partenaire de dialogue fiable”. Mais la Suisse entend aussi intensifier ses relations avec d’autres Etats non européens.

Bons offices

Troisième axe, un engagement accru en faveur de la paix, les traditionnels bons offices, qui prennent une importance accrue dans un monde multipolaire.

M. Burkhalter a évoqué dans ce contexte la politique étrangère numérique, qui devient un champ d’action central alors que le monde peine à se mettre d’accord sur des mécanismes de contrôle ou un code de conduite dans ce domaine.

La Suisse peut jouer là un rôle de bâtisseuse de ponts, pense le chef de la diplomatie. Il voit de bonnes conditions pour faire de Genève une “plaque tournante numérique”.

Développement durable

Le quatrième axe est “notre engagement accru en faveur du développement durable, qui repose sur une longue tradition”, a dit M. Burkhalter: celle du mariage entre le développement et la paix.

La Suisse doit adapter cette politique étrangère à un monde en crise, a-t-il souligné, “marqué par une insécurité et une imprévisibilité croissantes”.

“Nous sentons la méfiance croissante entre les États qui entrave une action multilatérale efficace. Nous sentons la remise en question de l’ordre international libéral, qui repose sur la coopération et des règles communes”.

“Une voix écoutée”

“La sécurité et la prospérité de la Suisse dépendent dans une large mesure de la sécurité et de la prospérité du monde”, a-t-il insisté. Or, “la Suisse est un Etat qui n’est pas petit et qui peut faire bouger les choses, à sa manière. Sa voix est écoutée”.

“Ses rôles spécifiques traditionnels retrouvent – dans le match actuel – une sorte de second souffle. Pour bâtir des ponts, des dialogues, des médiations”.

“Depuis notre incroyable année 2014, je suis convaincu qu’il faut plus de compétence humaine” dans ce domaine, a déclaré Didier Burkhalter, en allusion à l’année de présidence suisse de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Son “rêve d’un master en médiation qui fasse de la Suisse un cœur de la formation mondiale en la matière va devenir réalité cet automne à l’EPF de Zurich”, s’est-il réjoui.

Un autre rôle spécifique pour la Suisse, qui a besoin d’un ordre mondial fondé sur des règles, c’est d’être avocate du droit international, a affirmé Didier Burkhalter. Il a conclu en exhortant ses auditeurs à ne pas oublier les “valeurs” helvétiques, avouant à quel point il avait “aimé ressentir les effets humains de la politique étrangère suisse”.

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