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Doha sommé de prendre “au sérieux” les demandes de ses voisins

Après avoir rompu le 5 juin dernier leurs relations diplomatiques avec le Qatar (en photo), l'Arabie saoudite, l'Egypte, Bahreïn et les Emirats arabes unis ont transmis à Doha treize requêtes présentées comme conditions à une sortie de crise (archives). KEYSTONE/AP/SAURABH DAS sda-ats

(Keystone-ATS) Les Emirats arabes unis ont sommé vendredi le Qatar de prendre “au sérieux” une liste de demandes de ses voisins, pour mettre fin à la crise du Golfe. Parmi elles figurent une réduction des relations avec l’Iran et la fermeture de la chaîne Al Jazeera.

Le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a lancé l’avertissement via des messages postés sur le réseau social Twitter, accusant le Qatar d’avoir fait “fuiter” le document. Doha “cherche par cette fuite à mettre en échec la médiation” menée par le Koweït.

“Il est plus sage que (le Qatar) prenne au sérieux les demandes et les préoccupations de ses voisins. Autrement, le divorce sera effectif”, a-t-il encore menacé.

Après avoir rompu le 5 juin dernier leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l’Arabie saoudite, l’Egypte, Bahreïn et les Emirats arabes unis ont transmis à Doha treize requêtes présentées comme conditions à une sortie de crise. Tard dans la nuit, Doha a confirmé avoir reçu jeudi la liste, dans un bref communiqué publié par l’agence officielle Qna.

Ni “raisonnable ni réalisable”

“Nous examinons ces demandes par respect pour (…) la sécurité régionale et il y aura une réponse officielle de notre ministère des Affaires étrangères”, a annoncé le porte-parole du gouvernement Sheikh Saif al-Thani, dans un communiqué.

Le texte qatari note l’appel du secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, qui avait invité Riyad et ses alliés à remettre à l’émirat une liste de doléances “raisonnable et réalisable” afin de normaliser la situation. “Cette liste ne satisfait pas ce critère”, poursuit le porte-parole du gouvernement.

Dix jours

Selon des médias, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont donné dix jours au petit émirat gazier pour satisfaire à ces demandes. Aucune confirmation officielle n’a pu être obtenue sur la teneur de cette liste.

Les mêmes sources indiquent que ces quatre pays somment le Qatar de réduire ses relations avec l’Iran – grand rival régional de l’Arabie saoudite -, de fermer la chaîne Al Jazeera ainsi qu’une base militaire turque sur son sol.

Ils exigeraient aussi que le Qatar rompe les liens qu’il entretient selon eux avec le groupe Etat islamique (EI), Al-Qaïda, le Hezbollah chiite libanais et les Frères musulmans, selon une version de la liste circulant sur les réseaux sociaux.

Liberté d’expression

Al Jazeera, l’un des plus importants organes de presse au monde, a dit “déplorer” ces appels. “Tout appel à la fermeture d’Al-Jazeera n’est qu’une tentative de faire taire la liberté d’expression dans la région”, a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Le directeur de son antenne anglophone, Giles Trendle, a comparé cette tentative à “l’Allemagne demandant à la Grande-Bretagne de fermer la BBC”, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.

Une agence qatarie semi-gouvernementale, la Commission nationale des droits humains a estimé que les demandes des quatre pays représentaient de “graves violations” des droits de base. Au Qatar, le hashtag “la liste est rejetée” était repris sur les réseaux sociaux en arabe.

“Affaire de famille”

Les Nations unies ont offert vendredi leur assistance pour tenter de résoudre la crise, disant espérer que les pays impliqués résoudraient la situation “par le dialogue”, selon Eri Kaneko, une porte-parole.

Pour sa part, la Maison Blanche a estimé le même jour que la crise du Golfe était d’abord “une affaire de famille”, se disant prête à faciliter les discussions mais appelant les pays de la région à trouver, entre eux, une porte de sortie.

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