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Du trafic londonien est né il y a 150 ans le feu de signalisation

Le premier feu de signalisation électrique d'Europe est le feu à 5 faces qui a été construit en 1924 sur la Potsdamer Platz à Berlin (archives). KEYSTONE/IBA-ARCHIV/STR sda-ats

(Keystone-ATS) Le premier feu de signalisation a été installé il y a 150 ans, le 9 décembre 1868, à Londres. Alimenté au gaz, il a explosé après trois semaines et blessé le policier qui l’utilisait.

On peut se demander à quoi pouvait servir un feu de signalisation en 1868, alors que l’automobile n’a été brevetée qu’en 1886. Le fait est que l’embouteillage a précédé la voiture.

Dans les années 1860, Londres était la plus grande ville du monde. Avec une densité de 30’000 habitants au kilomètre carré, elle demeure à la deuxième place, après Dacca et avant Mogadiscio. Il en est résulté des épidémies, de la pollution atmosphérique et des bidonvilles surpeuplés.

Il y avait des voitures, des calèches, des convois de chevaux et des piétons devant les ponts, qui représentaient de goulets d’étranglement. En 1866, 1102 personnes sont mortes dans la circulation routière à Londres, et 1334 autres ont été blessées. Parmi les victimes figuraient des agents, car régler la circulation au milieu d’un carrefour relevait d’une mission kamikaze.

John Peake Knight, surintendant du South Eastern Railway, a alors déclaré qu’il était temps d’agir. Il a proposé de gérer les trafics routier et ferroviaire avec des signaux.

Une croix pour le carrefour

Le prototype de feux de signalisation, mis en service le 10 décembre 1868 du côté nord du pont de Westminster, ressemblait plus à un signal de train qu’à un feu moderne, deux bras étant montés au sommet d’un poteau. S’ils étaient dirigés vers le haut, il fallait s’arrêter. Et s’ils dessinaient un angle de 45 degrés, on pouvait rouler. La nuit, un feu rouge et un vert garantissaient une meilleure visibilité.

Au début, ce fut un succès. Le trafic s’éclaircissait et se fluidifiait. Seules les lampes à gaz explosaient fréquemment. Un de ces incidents a été particulièrement meurtrier, trois semaines après la mise en service.

A la suite d’une fuite, l’appareil s’est rempli de gaz et, lorsqu’un policier l’a allumé, à la nuit tombée, un jet de flammes l’a gravement blessé. Le projet de feu de signalisation est ensuite resté un moment dans un tiroir.

Le Noir qui se disait Indien

Le concept n’a été repris que lors de l’électrification des villes. Au début du 20e siècle, divers modèles ont été brevetés aux Etats-Unis . Le premier, dû à James Hoge, a été mis en service le 5 août 1914 à Cleveland. Il se composait de feux de signalisation actionnés par la police à chaque coin de rue, alternant les inscription lumineuses “Stop” et “Go”.

Le premier feu de signalisation automatique a été installé à Cleveland en 1923. Le modèle développé par Garrett Morgan avait, en plus des deux positions, une troisième comparable à l’orange actuel. M. Morgan était le premier Afro-américain à posséder une voiture. Inventeur du masque à gaz et de la crème à lisser les cheveux, il s’est déguisé en “Big Chief Mason” pour échapper à la discrimination raciale.

Support publicitaire

Un des premiers feux de signalisation pour piétons a été conçu par John S. Allen en 1947. Celui-ci a eu l’idée d’associer les “Stop” et “Go” à la publicité, par exemple “Stop pour une pizza”, ou “Go pour un burger”. Ce concept n’a jamais été réalisé.

Le premier feu de circulation électrique d’Europe avait cinq faces et avait été placé en 1924 sur la Potsdamerplatz à Berlin. En 1926, un feu a été installé à Carouge (GE) à des fins expérimentales.

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