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Dublin veut “bâtir des ponts, pas des frontières” avec l’Ulster

"Le moindre aspect de la vie en Irlande du Nord pourrait être affecté par l'issue (du Brexit)", a déclaré le Premier ministre irlandais Leo Varadkar (archives). KEYSTONE/EPA/JULIEN WARNAND sda-ats

(Keystone-ATS) Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a déclaré vendredi qu’il voulait “bâtir des ponts, pas des frontières” entre son pays et l’Irlande du Nord. Il a rappelé son opposition à l’établissement d’une “frontière économique” entre les deux voisins après le Brexit.

M. Varadkar s’exprimait lors d’une conférence de presse à Belfast, à l’occasion d’une visite de deux jours dans la province britannique d’Irlande du Nord.

“Le Brexit risque sérieusement de creuser un fossé entre l’Irlande du Nord et l’Irlande, entre la Grande-Bretagne et l’Irlande, et je ne peux imaginer qui en bénéficiera”, a-t-il ajouté.

Maintien dans le marché unique

Il a rappelé sa préférence pour que le Royaume-Uni reste dans l’UE. A défaut, il s’est dit favorable à son maintien dans le marché unique européen. Un autre moyen d’éviter un “Brexit dur”, selon lui, serait de mettre en place une nouvelle union douanière entre l’UE et le Royaume-Uni.

S’il a été possible d’en créer une avec la Turquie, “nous pouvons sûrement en établir une avec le Royaume-Uni”. Mais “le temps presse”, a-t-il toutefois prévenu, avant le Brexit prévu en mars 2019.

Un échec pourrait signifier un retour aux postes de douane, qui représentent “une manifestation physique et brutale de divisions historiques et d’échec politique”, a averti M. Varadkar. Il a rappelé son opposition à toute “frontière économique” sur l’île.

La frontière, épineux dossier

L’épineux dossier de la frontière entre les deux Irlande a été abordé dans l’après-midi lors d’une rencontre entre le premier ministre et Arlene Foster, cheffe du DUP, le parti unioniste nord-irlandais, allié de la Première ministre Theresa May.

Les deux dirigeants ont rejeté l’idée de supprimer la frontière terrestre pour la déplacer à la mer d’Irlande après le Brexit. Leo Varadkar “a clairement indiqué que cette option n’avait pas sa préférence, et je l’en remercie”, a déclaré Arlene Foster à l’issue de leur entretien.

Le DUP, ultraconservateur et favorable au Brexit, s’était insurgé contre cette proposition qui pouvait aboutir, de fait, à l’unification des deux Irlande, ce que le parti combat fermement.

La question de la frontière a été identifiée comme un sujet prioritaire par l’UE, avec le sort des expatriés européens et la facture du Brexit. Le retour d’une frontière physique risque de provoquer un choc pour ces deux économies particulièrement imbriquées qui échangent aujourd’hui sans entraves et pourrait fragiliser l’accord de paix dans le Nord.

Accès au marché commun

S’opposant aux propos tenus plus tôt par le premier ministre, Arlene Foster a également exclu la possibilité que le Royaume-Uni se maintienne au sein du marché commun européen. “Nous sommes très clairs sur le fait que l’Irlande du Nord, comme le reste du Royaume-Uni, va quitter l’UE et l’union douanière, même si nous souhaitons conserver un accès maximal au marché commun”, a-t-elle tenu à préciser.

Léo Varadkar a enfin décrit le Brexit comme “le défi de notre génération”, susceptible d’affecter tous les aspects de la vie quotidienne des Nord-Irlandais.

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