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Edward Snowden: un “employé mécontent”, pas un lanceur d’alerte

Un rapport du Congrès américain estime qu'Edward Snowden n'est pas un lanceur d'alerte. Il n'y a "aucune preuve que Snowden a fait le moindre effort pour officiellement exprimer ses préoccupations" sur les activités de la NSA, conclut notamment l'enquête. KEYSTONE/EPA/JUSTIN LANE sda-ats

(Keystone-ATS) Edward Snowden était plus un “employé mécontent” qu’un lanceur d’alerte, estime jeudi un rapport du Congrès américain. Parallèlement une campagne est en cours pour réhabiliter l’homme qui a révélé l’ampleur de la surveillance électronique de la NSA.

Plusieurs associations de défense américaine des libertés viennent de lancer une pétition en ligne en faveur de l’ancien consultant de l’Agence de sécurité nationale (NSA). Ce dernier est aujourd’hui réfugié en Russie. Edward Snowden est également le héros d’un nouveau film du réalisateur américain Oliver Stone, qui plaide pour son pardon.

Mais selon la commission du renseignement de la Chambre des représentants, Edward Snowden était “un employé mécontent qui avait des conflits fréquents avec ses superviseurs”. C’est ce qui ressort d’un rapport classifié sur l’affaire après deux ans d’enquête.

“Il avait été réprimandé juste deux semaines avant qu’il ne commence à télécharger illégalement des documents classifiés”, affirme la commission du renseignement dans un communiqué.

“Aucune preuve”

Il n’y a “aucune preuve que Snowden a fait le moindre effort pour officiellement exprimer ses préoccupations” sur les activités de la NSA. Il ne peut être considéré comme un “lanceur d’alerte”, protégé par la loi, affirme également la commission dans un résumé de son rapport, dont les détails sont classifiés et ne peuvent être publiés.

Et Snowden a “obtenu de nouveaux postes à la NSA en exagérant son CV et en volant les réponses à un test”. Il a aussi “fouillé les disques durs” de ses collègues, en profitant de ses accès d’administrateur de réseau.

“Edward Snowden n’est pas un héros, c’est un traître qui a volontairement trahi ses collègues et son pays”. Il “a mis en danger les Américains”, a déclaré dans le communiqué de la commission son président, le républicain Devin Nunes. “Il a causé plus de dommages à la sécurité nationale qu’aucun autre individu dans notre histoire”, a renchéri dans le même texte le républicain Lynn Westmoreland, chargé de la NSA et de la cybersécurité dans la commission.

Vive émotion

L’intéressé a ironisé sur Twitter, profitant des conclusions de la commission parlementaire pour faire la promotion du film d’Oliver Stone qui sort vendredi aux Etats-Unis: “Le Congrès a passé deux ans à élaborer un rapport pour vous décourager d’aller voir ce film. Il sort demain.”

Par ses révélations, Edward Snowden a fait prendre conscience aux Américains et au monde de l’ampleur de la surveillance de la NSA sur les communications électroniques et sur internet. L’émotion a été telle aux Etats-Unis que le Congrès a adopté en juin 2015 une loi destinée à mieux encadrer la collecte par la NSA de métadonnées des appels téléphoniques des Américains, révélée par Snowden.

La Maison Blanche a rappelé mercredi la position du président Obama: Edwuard Snowden, qui a “mis des vies américaines en danger”, doit rentrer aux Etats-Unis pour y être jugé.

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