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EgyptAir: débat relancé sur les causes du crash

Les secours poursuivent leur recherche au-dessus de la mer Méditerranée. KEYSTONE/EPA BRITISH MINISTRY OF DEFENCE/HELEN RIMMER/BRITISH MINI sda-ats

(Keystone-ATS) Des alertes signalant une fumée et une défaillance du système de commandes de vol dans l’Airbus d’EgyptAir qui s’est abîmé en Méditerranée relancent le débat sur les causes du crash. La recherche des corps et des boîtes noires continue de s’intensifier.

Jusqu’alors, le gouvernement égyptien et la communauté des experts semblaient privilégier la thèse de l’attentat pour expliquer la chute jeudi du vol MS804 reliant Paris au Caire avec 66 personnes à bord, dont 30 Egyptiens et 15 Français, non loin d’une île grecque à 290 km de la côte nord de l’Egypte.

Des médias américains ont révélé vendredi soir que le système automatisé de communications de l’appareil avait émis diverses alertes deux minutes durant, dont une signalant une fumée d’origine indéterminée à l’avant de la cabine et l’autre une défaillance de l’ordinateur gérant les commandes de vol, avant que l’avion n’entame sa chute. Les enquêteurs français ont confirmé samedi l’existence des alertes signalant de la fumée en cabine.

“Les familles veulent les dépouilles de leurs proches, l’armée se concentre là-dessus, c’est ce qui nous préoccupe au premier chef”, a commenté pour sa part samedi à l’AFP le président d’EgyptAir Safwat Moslem, interrogé sur ces alertes, refusant de confirmer ou démentir.

Aucune revendication

En l’absence de toute revendication d’un éventuel attentat plus de deux jours après le drame, seule l’analyse des débris de l’avion, des corps et, surtout, des deux enregistreurs de vol permettra de faire la lumière sur les raisons du crash.

La France a dépêché un patrouilleur de haute mer doté d’équipements utiles pour la recherche des “boîtes noires” qui devrait arriver dimanche ou lundi. Les balises des enregistreurs ne peuvent émettre que “quatre à cinq semaines” avant que leurs batteries ne s’épuisent, a rappelé l’ambassade de France au Caire.

Vendredi, les navires de l’armée égyptienne avaient déjà repêché “un membre humain, deux sièges et une ou plusieurs valises”, selon le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos.

Détournement “peu probable”

Les médias américains Aviation Herald, Wall Street Journal (WSJ) et CNN avaient rendu public un compte-rendu d’alertes émises par le système automatisé de communication (ACARS) de l’Airbus deux minutes durant signalant une “épaisse fumée” à l’avant de l’appareil et dans une des toilettes, ainsi qu’une défaillance du système de contrôle des commandes de vol, également situé à l’avant.

A Paris, le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), qui a dépêché trois enquêteurs en Egypte, a peu après confirmé samedi qu’il y a eu des “messages ACARS émis par l’avion indiquant qu’il y eu de la fumée en cabine peu avant la rupture des transmissions de données”. “Il est beaucoup trop pour interpréter et comprendre les causes de l’accident tant que nous n’avons retrouvé ni l’épave, ni les enregistreurs de vol”, a ajouté son porte-parole.

Selon Philip Baum, un spécialiste de l’aéronautique cité par la BBC, “les instruments de l’appareil se sont éteints”. “Tout cela commence à montrer qu’il ne s’agissait probablement pas d’un détournement, qu’il n’y a probablement pas eu de bagarre dans le cockpit, qu’il s’agit probablement d’un incendie à bord. Maintenant, qu’il s’agisse d’un feu d’origine technique, un court-circuit, ou si une bombe a explosé à bord, nous ne le savons pas”, a-t-il jugé.

Le vol MS804 avait décollé de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle près de Paris mercredi et devait atterrir au Caire jeudi. L’appareil se trouvait à une altitude de 37’000 pieds (plus de 11’200 mètres) lorsqu’il a soudainement “effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en chutant de 37’000 à 15’000 pieds” avant de disparaître des radars, selon le ministre grec de la Défense.

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