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Emissions de CO2 des voitures neuves: objectif à nouveau manqué

Les voitures demeurent polluantes. Les autorités sont appelées à intervenir tant par les importateurs de véhicules que par les défenseurs de l'environnement (Photo prétexte). KEYSTONE/TI-PRESS/FRANCESCA AGOSTA sda-ats

(Keystone-ATS) Pour la troisième année consécutive, l’objectif de limitation des émissions de CO2 des véhicules neufs n’a pas été atteint en 2018. Les importateurs ont été sanctionnés. Ils ont dû verser un peu plus de 30 millions de francs qui alimenteront le fonds routier.

Les importateurs de deux marques de véhicules ont dû s’acquitter de près des deux tiers de la somme, a précisé jeudi à Keystone-ATS une porte-parole de l’Office fédérale de l’énergie (OFEN), sans vouloir préciser desquelles il s’agit. L’augmentation des émissions de CO2 est notamment due à la part croissante de 4×4, qui ont constitué près de la moitié des importations en 2018, ainsi qu’au recul du nombre des véhicules diesel.

L’an dernier, la moyenne des émissions des voitures neuves a atteint 137,8 g de CO2/km, en hausse de 2,8% par rapport à 2017. Elle aurait pourtant dû baisser à 130 g de CO2/km à l’horizon 2015 et cette valeur cible doit passer à 95 g de CO2/km dès l’an prochain, indique l’OFEN dans un communiqué.

Il faut voir cette baisse, valable également dans l’UE, comme un signal non seulement à l’intention des importateurs, mais aussi des fabricants et des clients automobilistes, a indiqué la responsable médias de l’OFEN Marianne Zünd. Si la tendance n’est pas inversée, les 74 grands importateurs risquent de devoir verser encore bien davantage au fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA).

Ces derniers relativisent les chiffres. Ils attribuent les résultats à l’entrée en vigueur sur le plan international le 1er septembre 2018 de conditions d’essai plus strictes (WLTP) qui se traduisent par des valeurs de consommation et de CO2 plus élevées qu’avec l’ancien modèle.

Alternatives

Quelques embellies existent néanmoins dans ce tableau. Même si elle reste encore relativement faible, la part des véhicules entièrement ou partiellement électriques a continué de croître, d’une quinzaine de pourcents. Elle a ainsi passé à 3,2% des 310’000 voitures de tourisme nouvellement importées en 2018.

Et pour les six premiers mois de 2019, ce taux passe même à 4,8%, selon auto-suisse, la faîtière des importateurs qui s’est fixé pour objectif la barre des 10% du total des importations en 2020 pour les voitures électriques et les hybrides plug-in. L’an dernier, les voitures neuves équipées d’un moteur hybride, électrique, à gaz ou à pile à combustible représentaient 7,2% du total des importations.

La progression réjouissante de l’ensemble des propulsions alternatives n’a toutefois pas pu compenser entièrement les facteurs engendrant une hausse du CO2, affirme auto-suisse. Et les importateurs de se tourner du côté des autorités: la politique ne doit pas se contenter d’exiger la mobilité électrique, il faut aussi l’encourager.

Appel aux autorités

Cité dans le communiqué d’auto-suisse, son président François Launaz évoque à ce titre un développement accru de l’infrastructure de recharge et de ravitaillement pour les propulsions alternatives. Il appelle aussi les cantons à “enfin harmoniser leurs modèles d’imposition des véhicules à moteur et privilégier les modèles optimisés en terme de CO2”.

Le WWF attend lui aussi une réaction de la Confédération, les données publiées ici montrant que, dans ce domaine, la politique climatique menée à ce jour est un échec. Il faut que le Conseil fédéral prenne des mesures immédiates et que le Parlement définisse une nouvelle politique des transports, écrit l’organisation de défense de l’environnement dans un communiqué.

“Ces chiffres sont choquants, tout particulièrement pour la Suisse”, commente Patrick Hofstetter, expert en protection du climat au WWF Suisse. Les solutions existent, telles que l’arrêt du développement du réseau routier, des limites de vitesse pour les véhicules nuisant plus que la moyenne au climat et des restrictions d’homologation pour les véhicules roulant à l’essence ou au diesel.

Tracteurs et utilitaires

L’autre évolution favorable touche les 30’200 voitures de livraison et tracteurs à sellette légers importés l’an dernier. Leurs émissions de gaz carbonique moyennes a baissé de 1,1% par rapport à 2017. Il faut dire que cette catégorie partait de loin, la valeur 2017 étant de 185,3 g de CO2/km. Pour 2020, la valeur cible est fixée à 147 g de CO2/km, selon l’OFEN.

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