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Emmanuel Macron donne son troisième entretien TV à un moment-clé

L'objectif de ce troisième entretien télévisé est clair pour le président français âgé de 40 ans: expliquer ses réformes parfois impopulaires aux personnes âgées, aux ruraux et aux classes populaires, des électorats à reconquérir (archives). KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT sda-ats

(Keystone-ATS) Une école primaire dans un petit village: le président français Emmanuel Macron a choisi un cadre inédit pour la troisième interview télévisée de son mandat. L’entretien arrive à un moment clé jeudi, alors que la France est secouée par une vague de grèves.

Outre le lieu, Berd’huis, une commune de 1184 habitants du centre-ouest, le format est aussi inhabituel puisque le chef de l’Etat s’exprimera durant le journal télévisé de 13h00 de TF1. Un journal qu’anime depuis 30 ans Jean-Pierre Pernaut, l’une des figures les plus populaires du petit écran.

Le JT est suivi par 5,3 millions de téléspectateurs en moyenne chaque jour de la semaine. Il est le plus regardé par les retraités, les employés et les habitants des zones rurales. Mais les jeunes et les actifs des villes, qui ne rentrent pas déjeuner chez eux, ignorent généralement ce journal.

L’objectif est clair pour le président français âgé de 40 ans: expliquer ses réformes parfois impopulaires aux personnes âgées, aux ruraux et aux classes populaires, des électorats à reconquérir. “Emmanuel Macron veut parler à la ‘vraie’ France, et sortir de son image de ‘président des riches’ jeune, glamour et parisien”, souligne le politologue Philippe Moreau-Chevrolet.

Abordera toutes les questions

Selon un récent sondage de l’institut Elabe, la cote de confiance d’Emmanuel Macron recule à la fois dans les classes populaires, où elle n’est plus que de 27%, et dans les classes moyennes (-6 points à 41%). En parallèle, elle progresse chez les cadres, à 65%.

Mais ce ne sont pas les seuls mécontents actuellement en France. Plusieurs grèves, à commencer par celle des cheminots, ainsi que la grogne des étudiants ou des fonctionnaires ont mis l’exécutif sous pression ces dernières semaines et certains ont reproché à M. Macron sa discrétion sur ces sujets.

Le chef de l’Etat “répondra à toutes les questions”, assure l’Elysée. L’éventualité de frappes militaires en Syrie devrait également être abordée. L’Elysée précise que ce n’est pas cette actualité chargée qui a poussé le président, élu le 7 mai 2017, à sortir de son silence télévisé mais “l’échéance de la première année” de son quinquennat.

Pour être sûr d’être entendu par le plus grand nombre, il accordera une seconde interview dimanche soir, pendant deux heures, sur la chaîne BFMTV, la radio RMC et le site Mediapart.

Première victoire

Pour Lydia Guirous, l’une des porte-parole des Républicains (droite), “l’exercice de communication” d’Emmanuel Macron “ne suffira pas à gommer les effets dévastateurs de la politique qu’il mène”.

En s’invitant au journal de Jean-Pierre Pernaut, “la ficelle est un peu grosse”, estime Sébastien Chenu, du Front national (extrême droite), pour qui le président “repartira” ensuite “avec un peu de mépris comme il l’a souvent fait vis-à-vis des classes populaires”.

Manuel Bompard, coordinateur des campagnes de La France insoumise (gauche radicale), considère, lui, que la tentative de M. Macron de “reprendre la main” illustre une “première victoire du mouvement social” qui a réussi à “provoquer plus rapidement que prévu sa prise de parole”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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